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désigna ainsi les gens des deux partis. Cette anecdote est rapportée par Taberi et par d'autres historiens. Il n'est donc pas permis de soup- çonner la pureté de leurs intentions, ni d'attaquer leur réputation. Nous devons les juger d'après leurs actes et leurs paroles, authen- tiquement constatés, et qui ont servi à démontrer, aux yeux des son- nites \ leur parfaite intégrité. Quant à ce que les Motazclites disent au sujet de ceux qui combattirent contre Ali , les amis de la vérité n'y font pas la moindre attention. Celui qui aura examiné les choses avec impartialité sera porté à disculper toutes les personnes qui prirent part aux dissensions causées par la mort d'Othman; il excu- sera la conduite des Compagnons qui se révoltèrent plus tard , et il avouera que ce fut là un malheur par lequel Dieu voulut éprouver les musulmans. Pendant ces dissensions, il dispersa leurs ennemis et livra aux vrais croyants les terres et les maisons des vaincus. Les musulmans s'étaient établis sur les frontières des pays con- quis, et occupaient Basra, Koufa, Es-Cham (Damas) et Misr (le vieux Caire). La plupart des Arabes qui^ formaient les garnisons de ces villes étalent des gens grossiers' qui appréciaient peu l'honneur d'avoir servi sous les ordres du Prophète. L'exemple de ses manières et de sa politesse était perdu pour eux; ils n'avaient pas essayé de façonner leur caractère sur le sien; d'ailleurs ils s'étaient distingués, avant la promulgation de l'islamisme, par la rudesse de leurs mœurs, leur esprit de parti, leur orgueil de famille, et leur éloignement pour les habitudes de calme et de dignité qu'impose la rehgion. Quand fempire musulman eut acquis la prédominance, ces hommes se trouvaient placés sous les ordres des Mohadjers et des Ansars, pre- miers néophytes fournis à l'islamisme par les tribus de Coreïch, de

' Ou les gens de la sonna. Il s'agit pro- ' Pour ëlà:^, lisez 'oU:^,.

bablement de ceux qui compilèrent les re- ' On désigne par le mot Mohadjer, ou

cueils de traditions relatives à Mohammed. émigré, ceux d'entre les premiers musul-

Plusieurs de ces traditions ont eu pour mans qui s'étaient réfugiés à Médine. Les

garants les Compagnons qui s'étaient mon- Ansars ou aides étaient ceux des Médinois

très hostiles à Ali. qui avaient pris l'engagement de soutenir

' Pour yy t>i, lisez \^y ijj.ôJ\. Mohammed.

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