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liôO PROLÉGOMÈNES

d'examiner et d'éclaircir. On nous objecte d'abord les débauches de Yezîd pendant qu'il était khalife. A cela nous réponrlrons : Il faut bien se garder de croire que Moaouïa eût connaissance de la per- versité de son fils. 11 était trop ^ honorable, trop homme de bien pour fermer les yeux sur un tel défaut. Nous savons d'ailleurs qu'il re- procha vivement à Yezîd d'aimer la musique vocale, et qu'il la lui défendit. Or l'amour de la musique est bien moins répréhensible que celui de la débauche, et les docteurs varient d'avis sur la légiti- mité de cet art. Lorsque Yezîd eut montré ses inclinations vicieuses, les Compagnons ne s'accordaient pas sur ce qu'ils avaient à faire. Les uns déclaraient qu'ils devaient s'insurger contre lui et le ren- verser du trône. El-Hoceïn, Abd- Allah Ibn ez-Zobeïr et leurs par- tisans respectifs agirent d'après cette opinion. Les autres désapprou- vaient leur avis afin d'éviter la guerre civile et l'effusion du sang; ils sentaient, du reste, qu'une pareille tentative ne réussirait pas tant que p. 382. Yezîd aurait pour se soutenir toute la famille des Oméiades et tous les Coreïchides qui exerçaient des commandements; ils savaient que cela suffirait pour lui assurer l'appui de toutes les tribus modérides. A une telle force rien ne pouvait résister; aussi prirent- ils le parti de se tenir tranquilles en priant Dieu de convertir Yezîd ou de les en délivrer. La grande majorité des musulmans tint la même ligne de conduite, dans la conviction qu'elle était la seule bonne. Ceux qui professaient l'une ou l'autre de ces opinions sont également exempts de blâme; leurs intentions étaient pures et ils ne désiraient que le bien , ainsi que tout le monde le sait. Que Dieu, dans sa bonté, nous aide à marcher sur leurs traces!

Le second point à examiner, c'est la déclaration par laquelle, s'il faut en croire les Chîïtes, le Prophète aurait désigné AH comme héritier de l'imamat. Cette déclaration n'a jamais été faite; dans les traditions provenant des meilleures autorités, on ne trouve rien qui s'y rapporte. Nous lisons dans le Sahih, que le Prophète avait de- mandé un encrier et du papier afin d'écrire ses dernières volontés, ' Pour ^^ , lisez ^.

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