DTBN KHALDOUN. 421
Masoudi rapporte en ces termes : « (Le khalife abbacide) Abou Djàfer el-Mansour avait fait venir ses oncles au palais, et la conversation tomba sur les Oméiades. « Abd el-Melek, leur dit-il, était un homme n violent, qui ne se souciait pas de ce qu'il faisait; Soleïman ne pen- « sait qu'à son ventre'; Omar (Ibn Abd el-Azîz) était un borgne au «milieu d'aveugles; Hicham était le seul homme de la famille. «Les Oméiades gardaient pour eux la souveraineté, que d'autres « avaient organisée; ils veillaient à la conservation de l'fiutorité que «Dieu leur avait accordée; ils aspiraient aux grandes choses et mé- « prisaient les petites. Leurs enfants, élevés dans le luxe, arrivèrent « au pouvoir et ne s'occupèrent qu'à satisfaire leurs passions, à jouir « des plaisirs et à transgresser la loi divine. Ils ne se doutaient pas " que Dieu prépare graduellement la chute des méchants et que sa «vengeance, habilement dirigée, les atteindrait un jour. Avec cela, «ils négligeaient la conservation du khalifat; ils ne respectaient pas « la dignité du commandement, et bientôt ils n'eurent plus la force « de gouverner; aussi Dieu les dépouilla de leur puissance, les cou- « vrit d'ignominie et fit cesser leur prospérité. » S'étant alors fait ame- ner Abd-Aliah, fils de Merouan (le dernier khalife oméiade), il lui ordonna de raconter l'entretien qu'il eut avec le roi de Nubie , lors- qu'il s'était réfugié dans ce pays pour échapper aux Abbacides. « J'y « avais passé quelque temps, dit Abd-AUah, quand le roi vint me voir. « Il s'assit par terre, bien que j'eusse étendu un tapis de prix pour « lui servir de siège. « Pourquoi, lui dis-je, ne vous asseyez-vous pas «sur un objet qui m'appartient? — Je suis roi, me répondit-il, et « le devoir de tous les rois c'est de s'humilier devant la grandeur « de Dieu, puisque^ c'est à lui qu'ils doivent leur élévation. Et vous « autres, pourquoi buvez-vous du vin, bien que votre hvre sacré vous en « défende l'usage .^^ » Je répondis : « Nos esclaves et nos serviteurs sont « assez hardis' pour le faire. — Pourquoi, reprit-il, avez-vous foulé «les moissons sous les pieds de vos montures, bien que votre livre
' Ventrem et penem, dit le texte arabe. — ' Pour bl , lisez it. — ' Pour J*5, li- sez (j£ csy^l. îl.i "Ui©! f»! g'mvp
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