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D'IBN KHALDOUN. 381

violence et l'inimitié sont des passions naturelles à tous les animaux. Celui-ci, poussé par la colère et l'indignation, résiste de toutes ses forces à la tentative du ravisseur. Cette contestation amène un com- bat qui donne lieu à une mêlée générale, à l'efTusion du sang et à la mort de plusieurs individus, d'où pourrait résulter l'anéantissement de l'espèce ' humaine. Cela a pour cause le sentiment qui porte à dé- fendre son bien, sentiment que le Créateur n'a donné qu'à l'homme. Donc les hommes ne sauraient vivre sans un chef qui les empêche de s'attaquer les uns les autres. Pour contenir la multitude, il faut un modérateur, un gouverneur, c'est-à-dire, un roi fort, qui dispose d'une grande puissance; cela est exigé par la nature même de l'homme. Ce modérateur n'aurait aucune influence sans l'appui d'un fort parti; car nous avons déjà montré que , pour résister aux attaques et repousser ses adversaires, on doit être soutenu par un corps d'amis dévoués. La royauté est donc une noble dignité ; elle excite toutes les ambitions^, et a, par conséquent, besoin de défenseurs; aussi, pour être utile, elle doit avoir un parti qui la soutienne. Or, chez les divers peuples, les partis sont plus ou moins forts , et chaque parti ne peut déminer que sur la peuplade au milieu de laquelle il s'est formé. Ce n'est donc pas à tous les partis que la l'ovauté peut échoir; elle n'appartient, en réalité, qu'au chef qui sait tenir son peuple dans l'obéissance, faire rentrer les impôts, protéger les frontières de ses Etats, qui expédie des ambassadeurs et ne subit pas le contrôle d'une autorité supé- rieure. Telle est la véritable royauté selon l'opinion généralement reçue. Le chef qui, par la faiblesse de son parti, est incapable de rem- P. 339. plir l'un ou fautre de ces devoirs', n'est qu'un roi incomplet. Tels furent la plupart des souverains berbers pendant que les Aghlébides régnaient à Cairouan; tels furent les souverains des peuples asiatiques" à l'époque où les Abbacides venaient d'occuper le trône. Le prince qui n'a pas un parti assez fort pour dominer^ tous les autres, qui

' Après c-LLiit, insérez ^yJf. * Littéral. « non-arabes (ati/'em). »

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' Pour iùU^j, lisez fcjLo..!.

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