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��PROLÉGOMÈNES

��l'avons dit. Nous ne devons pas regarder comme fausses toutes ces anec- dotes, car, le plus souvent, elles concernent des faits tellement mani- festes et notoires que nous sommes obligés de les accueillir, et, dans certains cas, elles se rangent parmi les récits les mieux connus et les plus authentiques. Nous voyons encore de nos yeux les monuments que ces dynasties ont laissés. Etudiez l'histoire des empires, observez s'ils étaient puissants ou faibles, grands ou petits; rapprochez en- suite ces notions de l'anecdote assez curieuse que nous allons racon- ter (et jugez si nous avons raison).

Sous le règne du sultan mérinide Abou Eïnan S un membre du P. 328. corps des cheïkhs^ de Tanger, nommé Ibn Batoutah, reparut dans le Maghreb. Une vingtaine d'années auparavant il s'était rendu en Orient, où il avait parcouru l'Irac, le Yémen et l'Inde. Dans le cours de ses voyages, il visita Dehli^, capitale de l'Inde, et fut présenté à Moham- med Chah, sultan de cet empire*. Ce prince l'accueillit avec bonté et lui confia la charge de grand cadi malekite. Revenu dans le Ma- ghreb, Ibn Batoutah fut reçu par le sultan Abou Eïnan et, s' étant mis à raconter les merveilles qu'il avait vues pendant ses voyages dans les divers empires du monde, il parlait surtout du royaume de l'Inde et racontait, au sujet du sultan de ce pays, des anecdotes qui remplis- saient d'étonnement tout l'auditoire. Il disait, par exemple, que le souverain de l'Inde, toutes les fois qu'il allait entreprendre une campagne , faisait faire le dénombrement des habitants de la capitale , hommes, femmes et enfants, et qu'ensuite il leur assignait à tous, sur ses propres fonds, de quoi se nourrir pendant six mois. Revenu de

��' Voyez l'Histoire des Berbers, t. III.

' Le corps des cheïkhs [mecldkha) était une espèce de sénat, ou conseil munici- pal, qui gouvernait la ville.

' Pour (j.i, lisez (^■i.

' A la place de ce passage, un des manuscrits et l'édition de Boulac portent:

��i.î aJ (jLij »»=>, c'est-à-dire, « la capitale du souverain de l'Inde, du sultan Mo- hammed Chah, et il fut présenté au roi, Fîrouz Djouh, qui l'accueillit, etc. Cette variante est inadmissible ; je ne trouve rien qui puisse la justifier. (Voyez les Voyages d'Ibn Batoutah, par MM. Defrémery et San- guinetti, vol. III.)

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