Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/485

Cette page n’a pas encore été corrigée

D'IBN KHALDOUN. 361

battirent en Syrie. Selon ces conteurs , Og était si grand qu'il saisissait des poissons dans la mer et les tenait auprès^ du soleil pour les faire cuire. Ils connaissaient aussi peu la nature des corps célestes que la constitution de l'espèce humaine, puisqu'ils croyaient que le soleil était chaud et que, plus on se rapprochait de cet astre, plus la cha- P. 3 19. leur augmentait; ils ne savaient pas que la chaleur c'est la lumière, et que la lumière, dans le voisinage de la terre, est plus intense qu'ail- leurs. Ce phénomène a pour cause la réflexion des rayons solaires, qui, ayant touché le sol, s'en retournent à l'encontre des autres rayons et ajoutent encore à leur chaleur. Lorsqu'on dépasse la limite jusqu'à laquelle les rayons réfléchis peuvent atteindre, on n'y trouve plus de chaleur; dans les régions parcourues par les nuages, il fait froid. Quant au soleil, il n'est ni chaud ni froid, c'est un corps simple, lumineux, sans tempérament distinctif. Selon les mêmes individus, Og, fils d'Enac, appartenait à la nation amalécite ou à la nation chananéenne, races qui devinrent la proie des Israélites lors de la conquête de la Syrie. Or la taille des Israélites était alors à peu près comme la nôtre; ce qui est démontré par les dimensions des portes de Jérusalem. On a bien pu abattre ces portes et les relever, mais on n'a jamais changé leur forme ni leur grandeur. Comment donc serait-il possible que la taille d'Og eût dépassé à un tel point celle de ses contemporains. L'erreur que nous signalons provient de l'éton- nement que l'on ressent à l'aspect des monuments anciens. Ne sachant pas que les dynasties d'alors pouvaient réunir des ouvriers en foule et se servir de machines dans la construction des grands édifices, on attribua ce ré.sultat aux forces énormes qu'une taille gigantesque avait données aux anciens peuples; mais la chose est bien loin d'être ainsi. Masoudi rapporte, sur l'autorité des philosophes (grecs), une opinion de cette nature; mais elle est sans fondement et tout à fait arbitraire. Ils disent qu'à l'époque de la création le corps de l'homme était, par sa nature, aussi vigoureux que parfait. Grâce à cette per- fection , les hommes vivaient jusqu'à un âge très-avancé , et les corps

' Pour j , lisez <JI. '.çr ^: :

Prolégomènes. 46

�� �