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354 PROLÉGOMÈNES

des plats d'or sur des plateaux d'argent'; chaque plateau, chargé de quatre plats, était porté par quatre jeunes esclaves. Quatre^ convives se mirent à chaque table, et lorsqu'ils eurent fini de manger et qu'ils allaient s'en retourner chez eux, leur hôte envoya après eux la table, les plats et les esclaves qui les avaient servis. » — « Garçon, s'écria El-Haddjadj , égorge les chameaux et fais manger notre monde (à la manière arabe). » Il sentait bien que de pareilles magnificences étaient au-dessus de ses moyens. Mentionnons ici les cadeaux faits par les Oméiades ; chaque cadeau consistait ordinairement en chameaux, selon l'usage des Arabes bédouins. Sous les dynasties des Abbacides, des Fatémides et de leurs successeurs, les dons étaient magnifiques, ainsi que chacun le sait. Ces princes envoyaient à leurs amis des bêtes de somme chargées d'or, des ballots renfermant des objets d'habillement; ils leur donnaient aussi des chevaux richement har- nachés.

Les Ketama ignoraient les habitudes du luxe à l'époque où ils eurent affaire aux Aghlebides; en Egypte, les Béni Toghdj^ avaient des mœurs très-simples; les Lemtouna (Almoravides) n'étaient guère avancés dans la civilisation quand ils s'attaquèrent aux petites dy- nasties qui régnaient en Espagne; il en fut de même des Almohades (avec les Almoravides), ainsi que des Zenata (Mérinides) quand ils combattirent les Almohades, et c'est ainsi que cela se passe toujours *.

Les usages de la vie sédentaire se transmettent de la dynastie qui précède à celle qui la remplace. Les Perses communiquèrent les habitudes du luxe aux Oméiades et aux Abbacides. Les Oméiades espagnols transmirent les usages de la vie sédentaire aux souverains almohades et zenatiens du Maghreb, et ceux-ci les conservent jusqu'à P. 3i3. ce jour. Les habitudes de la vie à demeure fixe passèrent des

' Pour *J^à-t, lisez *Jjji.[. des Ketama dans leurs rapports avec les

Pour ^^1 , lisez **j^I. Aghlebides, etc.» Il se rattache, par le

' Les Ikhchîdes. LemotÀt, Toghdj , sens, non pas au paragraphe qui le précède

se prononce à peu près comme Tordj. immédiatement, mais à celui où il est

' Dans le texte arabe, ce paragraphe question d'El-Haddjadj.

commence ainsi : « Il en fut de même

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