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de repousser un ennemi ou de l'attaquer leur manque , et, malgré cela, ils cherchent à en imposer au public par leur équipement (militaire), leur habillement, leurs airs d'habiles cavaliers et leur ton présomp- tueux. Mais cela n'est qu'un faux vernis; car ils sont, en général, plus lâches que des femmes \ et si ooies attaque, ils sont incapables p. 3o8. de résister. Le souverain s'appuie alors sur des étrangers d'une bra- voure reconnue , et s'entoure d'affranchis et de clients en nombre à peu près suffisant pour la défense du pays. Dieu permet enfin que cet empire succombe avec tout ce qui en dépend. Cela fait voir que, dans l'espace de trois générations, les empires arrivent à la décrépitude et changent entièrement de nature. Dans la quatrième génération, l'illustration dont la nation s'était entourée disparaît tout à fait, ainsi que nous l'avons indiqué ailleurs. Nous disions alors qu'une tribu doit sa gloire et sa distinction à quatre générations d'illustres aïeux ^, et nous en avons donné une preuve tirée de la nature des choses, preuve parfaitement claire et basée sur des principes que nous avons établis dans nos discours préliminaires. Si le lecteur veut bien les examiner, il ne manquera pas d'ep reconnaître la justesse, pourvu qu'il soit sans préjugés.

La durée de trois générations est de cent vingt ans, ainsi que nous l'avons indiqué plus haut, et les dynasties se maintiennent ordi- nairement pendant cet espace de temps. Cela est un terme approxi- matif qui peut cependant arriver plus tôt ou plus tard. Si l'existence de l'empire se prolonge davantage, c'est parce qu'on ne songe pas à l'attaquer; mais cela est un cas purement accidentel; la décrépitude lui survient toujours, bien que personne ne l'ait menacé. Qu'un en- nemi se fût présenté, l'empire aurait été incapable de lui résister. Enfin arrive l'heure de sa chute , heure que personne ne saurait avancer ni reculer. Donc les empires, comme les individus, ont une existence, une vie qui leur est propre; ils grandissent, ils arrivent à l'âge de

' Le texte porte de plus : \-£>^y^ Jt , s'exprime ici d'une manière peu précise : resupiruB. "' ^' ' > «La gloire, dit-il , et la considération se

  • Voyez ci-devanti p. q86. — L'auteur trouvent dans quatre aïeux. »

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