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D'IBN KHALDOUN. 341

d'un grand nombre de tribus dont une seule est plus forte que toutes les autres ensemble, et les domine au point de les réunir et de les ab- sorber. C'est ainsi que se forment des associations capables de sou- mettre les autres peuples et de conquérir des empires. Pouréclaircir ce principe , nous ferons observer que l'esprit de corps dans une tribu est comme le tempérament dans les êtres créés. Le tempérament est un mélange des (quatre) éléments, ainsi que nous l'avons exposé ailleurs. Or un mélange d'éléments qui se neutralisent ne saurait former un tempérament : pour que cet effet se produise, il faut ab- solument que l'un des éléments prédomine sur les autres. 11 en est de même pour un nombre de familles réunies en tribu et animées d'un même esprit de corps : une de ces familles doit être assez forte pour tenir ensemble les autres, les absorber, les combiner en un seul P. 3oo. corps et concentrer en elle-même tous les sentiments patriotiques qui les animaient. L'esprit de corps, porté de cette manière à son plus haut degré d'intensité, ne se trouve que dans les familles illustres qui ont l'habitude du commandement. Dans une telle maison, il faut qu'un des membres ait le pouvoir d'imposer ses volontés aux autres. Cet individu doit à la supériorité de sa naissance l'avantage de com- mander en chef à toutes les ^ familles de la confédération. Comme la hauteur et la fierté sont des sentiments naturels à l'espèce humaine ^, le chef d'un peuple ne consent jamais à partager son pouvoir avec un autre, ni à lui permettre de commander ou d'administrer. Ainsi se développe l'amour-propre , sentiment qui est dans la nature de l'homme; ainsi s'établissent les principes que la nécessité de gouver- ner rend indispensables. Le chef, par exemple, doit être unique; avec plusieurs surviendraient des conflits très-nuisibles à la commu- nauté. Et, s'il y avait dans [le ciel et sur la terre) plusieurs dieux, ces deux [régions) auraient déjà péri. [Coran, sour. xxi, vers. 22.)

Un chef suprême réprime l'ambition des familles placées sous ses ordres; il courbe l'audace des autres chefs et ne leur laisse aucun

' Lisez ljjtA*4. — ^ Littéral. « aux animaux. •

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