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D'IBN KHALDOUN. 329

le bonheur des vrais croyants. C'est là une vérité dont aucun musul- man, aucun homme raisonnable ne saurait douter.

Le premier mouvement de ce genre qui eut lieu dans l'empire musulman se fit à Baghdad, lors de la guerre civile dans laquelle Taher tua El-Amîn. El-Mamoun, qui se trouvait alors dans le Kho- raçan, tardait beaucoup à se rendre en Irac; puis il désigna comme son successeur dans le khalif;it AH Ibn Mouça er-Rida, un descendant d'EI-Hoceïn (petit-iils de Mohammed). Les autres membres de la fa- mille abbacide condamnèrent hautement ce choix et, s' étant décidés à prendre les armes, ils répudièrent fautorité d'El-Mamoun et le remplacèrent sur le trône par Ibrahim, fils d'El-Mehdi. Pendant que Baghdad se trouvait ainsi en proie à la sédition, la populace, les brigands et la soldatesque se jetèrent sur les bons citoyens, les hommes paisibles; ils dévalisaient les voyageurs et vendaient osten- siblement dans les marchés les fruits de leurs rapines. Comme les magistrats ne pouvaient empêcher ce scandale ni intervenir en faveur des personnes qui se plaignaient d'être volées, tous les hommes pieux et les gens de bien se concertèrent afin de mettre un terme aux brigandages. Un derviche nommé Khaled parut alors dans Bagh- dad et somma le peuple de l'aider à ramener Tordre. Beaucoup de monde répondit à son appel; il combattit les bandits, les vainquit et les châtia avec la dernière sévérité. Peu de temps après, un homme de la populace de Baghdad, nommé Abou-Hatcm Sehl Ibn Salama el- Ansari, se montra avec un Coran suspendu à son cou et somma le peuple de mettre fin aux abus \ de rétablir Tordre et d'agir selon les prescriptions du livre de Dieu et l'exemple du Prophète. Sou- tenu par les Hachemides (les Abbacides et les Alides) de tout rang P. aSg. et de toute classe, il s'installa dans l'hôtel de Taher, y organisa des bureaux de recrutement et, s'étant mis à parcourir la ville, il châtia les malfaiteurs qui dévalisaient les passants et défendit à qui que ce fût de payer aux brigands un droit de sauf-conduit. Khaled le derviche ayant dit qu'il ne reprochait nullement au sultan les

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