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D'IBN KHALDOUN. 321

nement abbacide s'étaient conduits, ils usurpèrent les titres et les em- blèmes de la souveraineté, croyant que personne n'oserait s'y opposer ni leur en faire un reproche'. En elFel, l'Espagne était alors un pays où l'esprit de tribu et de corps avait cessé d'exister, ainsi que nous P. 281 l'indiquerons plus tard. Cet état de choses se prolongea et donna au poète Ibn Chéref ^ l'occasion de dire :

J'ai pris l'Espagne en dégoût, à cause de ces iiotus de Motaceni et Motaded, Titres impériaux l)ien mal placés; cela fait penser au chat qui se gonfla pour alleindre la taille du lion.

Pour sovitenir leur autorité, ils eurent leurs affranchis et leurs clients, les serviteurs qu'ils s'étaient attachés par des bienfaits, les Berbers, les Zénalicns et d'autres aventuriers venus de la Maurita- nie. Ils suivirent ainsi le système que les derniers Oméiades avaient adopté, lorsque la puissance arabe s'était affaiblie dans le pays et que Ibn Abi Amer (el-Mansour) s'était emparé' de l'administration de l'empire. Dans plusieurs parties de l'Espagne, ces usurpateurs fon- dèrent des royaumes considérables, à l'instar de celui dont ils s'étaient partagé les provinces. Ils régnaient encore quand les Almoravides de la tribu des Lemtouna, peuple dont l'esprit de corps était alors très- puissant, traversèrent le détroit, les dépossédèrent et renversèrent leur pouvoir. Les roitelets espagnols n'avaient pas la force de se défendre, parce qu'il leur manquait l'appui de cet esprit de race et de corps qui sert à fonder et à protéger les empires. Torlouchi * s'est imaginé que, dans tous les temps ^, la force des empires consis- tait uniquement dans des corps de troupes qui recevaient une solde mensuelle. Il le dit dans son ouvrage intitulé Siradj el-Moloak; mais sa théorie n'explique pas comment les grands empires (d'autrefois)

' La bonne leçon est "y-;^. ; celle du ces vers furent composés par le vizir Ihn

texte imprimé n'offre aucun sens. Ammar et lui coûtèrent la vie.

^ Ibn Clieref el-Cairouani mourut en ' Pour o-xJU.1, lisez oy-JU-L.

460 (1067-1068 de J. C). Selon Ibn Rhal- ' Voyez ci-devant, p. 82, note a.

likan (vol. III, p. i3i de ma traduction), ' Pour Ai'JillsLj, lisez (^ j'J^'Js.ïlj.

Prolégomènes. 4i

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