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320 PROLÉGOMÈNES

p. 280. avons un exemple dans l'histoire des Abbacides: sous le règne d'El- Motacem et sous celui de son fils El-Oualhec, l'esprit national^ des Arabes avait presque disparu, et les khalifes ne purent soutenir leur puissance qu'à l'aide de leurs clients persans, turcs, déilemites, seldjoukides ou autres. Ces étrangers ^ finirent par s'emparer des provinces de f empire et ne laissèrent rien au khalifat, excepté le territoire de Baghdad^. Ensuite les Déilemites marchèrent contre cette ville, s'en emparèrent et tinrent les khalifes sous leur tutelle. Cette usurpation ne dura pas, les Seldjoukides leur enlevèrent le pouvoir, et le perdirent ensuite; puis vinrent les Tartars, qui tuè- rent le khalife et firent disparaître jusqu'aux dernières traces de fempire. Dans le Maghreb, la puissance des Sanhadja* eut un sort analogue. Depuis, ou même avant le v'^ siècle de l'hégire, l'esprit de corps qui avait animé ce peuple s'était presque éteint; rien ne leur restait d'un vaste empire, excepté El-Mehdiya, Bougie, El-Calà^ et quelques autres places fortes de flfrîkiya. Leurs souverains eurent même à soutenir des sièges dans ces lieux de retraite, tout en con- servant les honneurs de la royauté; mais Dieu permit enfin la chute de cette dynastie. Les Almohades, soutenus par fesprit de corps qui régnait alors parmi les tribus masmoudiennes, détruisirent com- plètement le royaume des Sanhadja. En Espagne, la dynastie des Oméiades succomba aussitôt qu'elle eut perdu l'appui des Arabes, dont le dévouement l'avait soutenue. Les chefs des villes et des pro- vinces secouèrent le joug de la subordination, et, s'étant jetés à fenvi sur l'empire, ils s'en partagèrent les débris. Chacun d'eux s'arrogea l'autorité suprême dans le lieu où il commandait et se posa en sou- verain. Sachant comment les chefs étrangers qui servaient le gouver-

' Ou bien : la force des Arabes, le rétrécit au point de ne pas dépasser le ler-

parli arabe. Notre auteur ne distingue ritoire de Baglidad. » pas toujours bien la double signiUcation ' C'est-à-dire, les Zîrides el les Hainnia-

du mot fcvA-o-c , qui signifie également es- dides. (Voy. Histoire des Berbers, t. II.) pril de corps, elfort parti. ^ El-Calà, appelée aussi la Cala des Déni

^ Lilléral. «les Persans elles clients.» iïammafZ, était siluëe à une journée nord-

^ Littéral. « et l'ombre du kbalifat se est d'El-Mecîla.

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