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D'IBN RHALDOUN. 307

pratiques par lesquels il se distingue. Cette manière de se dissimuler sa propre infériorité a pour motif le sentiment que nous venons de signaler. Aussi peut-on remarquer que partout les peuples vaincus tâchent de ressembler à leurs maîtres par l'habillement, les équi- pages, les armes et tous les usages de la vie. Voyez comme les enfants se modèlent sur leurs pères, et cela parce qu'ils les regardent comme des êtres sans défaut. Voyez, dans toutes les contrées de la terre, comme les populations se plaisent à porter rhabillement militaire, tant elles apprécient la supériorité des milices et des troupes du sul- tan. De même tout peuple qui demeure dans le voisinage d'un autre, et qui en a senti la prééminence, acquiert cette habitude d'imitation à un haut degré. De nos jours cela se voit (chez les musulmans) de l'Andalousie, par suite de leurs rapports avec les Calices (les chré- tiens de Léon et de Castille); ils leur ressemblent par Ja manière de s'habiller et de se parer; ils ont même adopté la plupart de leurs usages, au point d'orner les parois de leurs maisons et de leurs palais avec des tableaux. Dans ces faits le philosophe ne saurait méconnaître im indice de supériorité. Au reste. Dieu ordonne ce qui lui plaît! Ces phénomènes démontrent la vérité de la maxime popu- laire, que chaque peuple suit la religion de son roi. En effet, le roi domine sur ses sujets, et ceux-ci le prennent pour un modèle telle- ment parfait' qu'ils s'efforcent à fimiter en tout. C'est ainsi que les enfants tâchent de ressembler à leurs pères et les écoliers à leurs P. afis. maîtres. Dieu est l'être savant et sage !

Un peuple vaincu et soumis dépérit rapidement.

Lorsqu'un peuple s'est laissé dépouiller de son indépendance, il passe dans un état d'abattement qui le rend le serviteur du vain- queur, l'instrument de ses volontés, l'esclave qu'il doit nourrir. Alors il perd graduellement l'espoir d'une meilleure fortune. Or la propaga- tion de l'espèce et l'accroissement de la population dépendent de la force et de l'activité que l'espérance communique à toutes les facultés

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