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dit qu’une famille noble est celle qui est établie depuis longtemps dans une ville; mais la vérité que nous venons d’exposer lui a échappé. Je voudrais savoir quel avantage une famille peut retirer de la Ion- p. 345, gueur de son séjour dans une ville, si elle ne possède pas cet esprit de corps qui lui assure le respect et l’obéissance? L’auteur dont nous parlons a sans doute fait consister l’illustration d’une maison dans le nombre de ses aïeux. J’ajouterai que l’art oratoire ’ sert uniquement à convaincre les hommes qu’on veut gagner à son opinion, c’est-à- dire, les personnes qui ont le pouvoir en main^ et que les gens pour lesquels on n’a aucune considération ne petivent exercer la moindre influence sur les autres; on ne cherche même pas à exercer de l’influence sur eux. Tels sont les citadins, habitués à la vie des villes. Il est vrai qu’Ibn Rochd avait passé sa jeunesse dans une ville et au milieu d’un peuple qui ne conservait plus le moindre esprit de corps et qui n’en connaissait ni la nature ni les effets. Aussi cet écrivain s’en: est tenu k l’opinion commune eir ce qui regarde la noblesse des familles et la considération qui leur est due; il admet, comme règle générale, que ces avantages dépendent du nombre d’aïeux dont se compose la généalogie d’une maison; et il ne fait aucune attention à la nature de l’esprit de corps ni à l’influence qu’il exerce sur les hommes. Au reste, Dieu sait tout.

Si les clients et les créatures d’une famille participent à sa noblesse et à sa considération, ils ne doivent pas cet avantage à leur origine, mais à la réputation de leur patron.

Nous venons de faire observer que la noblesse réelle et bien fondée

richesses, ou par quelque autre des choses II me semble qu’il doit y avoir une lacune que les hommes honorent, et quand leur de plusieurs lignes. Dans la traduction famille compte un grand nombre de per- arabe de la Rhétorique, sur laquelle Aver- sonnages illustres, hommes et femmes, roès travaillait, le mot svyévsta était pro- jeunes gens et vieillards.» (Traduction bablement rendu par <_>.«c^ (cowsirf^ra/ion). de M. Bonafous. ) — Nous avons d’Aver- Quoi qu’il en soit , la réfutation d’ibn roès une paraphrase de la rhétorique, Khaldoun s’adresse tout autant à Aristote traduite en latin et imprimée dans l’édi- qu’au commentateur arabe, tion des Juntes, tome II; mais il n’y a ’ C’est-à-dire , la Rhétorique , à laquelle rien qui réponde à ce passage d’Aristote. le passage d’Averroès se rapporte.