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D'IBN KHALDOUN. 279

dans la liste des descendants d'Idrîs. Les Beni-Zîan ont cru y recon- naître leur aïeul, mais une telle origine n'était pas nécessaire à leur gloire : ils devaient leur illustration et leur empire à la puissance de l'esprit de corps qui régnait dans leur tribu; se donner pour descendants d'Ali ou d'El-Abbas ou de tout autre grand person- nage ne leur aurait servi de rien. Ce furent les courtisans et les flat- teurs de la dynastie Zîanide qui mirent en avant l'idée de cette filiation, et lui donnèrent une telle publicité qu'on aurait beaucoup de peine à en démontrer la fausseté. On m'a raconté que Yaghmo- racen, fils de Zîan et fondateur de leur empire, repoussa cette pré- tention lorsqu'on la lui suggéra. <t Non! disait~il en langue zena- P. 3/I2. tienne, la seule qu'il parlât, non! je ny crois pas. C'est à nos épées et non pas à une pareille origine que nous devons notre fortune et notre empire. Si nous descendons d'Idrîs, cela peut nous être avan- tageux dans l'autre vie ; mais c'est Dieu que cela regarde. » Il tourna ensuite le dos au flatteur qui lui avait suggéré cette idée. Citons encore l'exemple des Beni-Saâd, famille qui donne des cbefs aux Beni-Yezid, branche de la tribu des Zoghba : ils prétendent descendre d'Abou- Bekr le véridique (beau-père de Mohammed et premier khalife). Ajou- tons à cette liste les Beni-Selama, chefs des Idlelten ', tribu toudjinide; ils veulent rattacher leur généalogie (berbère) à celle des (Arabes) Soleïm. Les Douaouida, chefs de la tribu des Rîah, prétendent des- cendre des Barmekides. On m'a dit qu'en Orient les Béni Mohenna, émirs de la tribu de Taï^, s'attribuent une origine semblable. Nous pourrions citer encore plusieurs exemples de ces inepties. Or, puisque ces familles exercent le suprême commandement dans leurs tribus, ce fait seul suffit pour renverser de pareilles prétentions, ainsi que nous l'avons énoncé; bien plus, il démontre que le sang de ces

' Dans le texte imprimé le mot Idlelten riels berbers se formant en ien ou en tan,

porte des points voyelles , bien qu'ils ne jamais en ton. On peut voir dans Y Histoire

soient pas indiqués dans les manuscrits : des Berbers une notice sur cette tribu, le domma placé sur le ( de la syllabe ten ' Voyez l'Histoire des Berbers, 1. 1, p. 12

doit se remplacer par un felha, les plu- et suiv.

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