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D'IBN KHALDOUN. 245

Ces neuf mots sont numérotés suivant l'ordre naturel des nombres. Les uns sont trilitères; les autres, bilitères ou quadrilitères. On voit qu'aucun principe général n'a réglé leur formation; je les donne tels que je les ai reçus de mes maîtres. «Nous les tenons, disaient-ils, d'Abou 1-Abbas Ibn el-Benna ', le plus grand maître que l'Occident ait jamais produit en astrologie , en magie naturelle et dans la science qui a pour objet les vertus occultes des lettres de l'al- phabet. » Ils déclaraient que, d'après l'avis de cet homme, quand on faisait le genre de calcul nommé hiçab en-nim, on était plus sûr d'atteindre la vérité en se servant de ces groupes pour opérer le retranchement du plus grand multiple d'un nombre, qu'en employant ceux qui appartiennent au système aïcach. Dieu sait si cela est exact. . Tous ces moyens de découvrir les secrets du monde invisible ne s'appuyent sur aucune base et ne sont soutenus par aucune démons- tration. Selon les critiques les plus exacts, le livre où il est question du calcul nommé hiçab en-nim ne peut pas être d'Aristote, parce qu'il renferme des opinions qui n'ont aucune apparence de probabilité. Le lecteur intelligent pourra s'en convaincre s'il veut prendre la peine de feuilleter le volume^.

On prétend posséder encore un système artificiel au moyen duquel on peut obtenir la connaissance des choses qui appartiennent au monde invisible. C'est la zaïrdja-t-el-aalem (tableau circulaire de l'u- nivers), dont on attribue l'invention à Abou'l-Abbas es-Sibti, natif de Ceuta , l'un des soufis les plus distingués du Maghreb. Vers la fin du Vi^ siècle , Es-Sibti se trouvait dans la ville de Maroc pendant que Ya- coub el-Mansour, souverain des Almohades, occupait le trône. La construction de la zaïrdja (tableau circulaire) est d'un artifice surpre- nant. Bien des personnes haut placées aiment à la consulter afin

' Nous savons, parle dictionnaire biblîo- mencement du xiii* siècle. (Voyez le Jour- graphique de Haddji Khalifa, qu'Abou'l- nal asiatique d'octobre - novembre i854, Abbas Ahmed Ibn el-Benna composa un p. 3-ji, note.)

traité d'algèbre, un manuel d'aritliméli- ' J'ai déjà fait observer, ci -devant,

que et des gloses sur le Keschaf, célèbre p. 81, que cet ouvrage n'est pas d'Aris-

commentaire du Coran. Il vivait au com- tote.

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