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D'IBN KHALDOUN. 231

Ayant établi ce principe, je dois avertir le lecteur qu'on est ex- posé à confondre les idiots avec les insensés, gens dont l'âme rai- sonnable s'est gâtée et qui sont devenus semblables à des animaux brutes. Il y a cependant quelques signes à l'aide desquels on peut les distinguer. D'abord, on trouve chez les idiots un penchant inva- riable vers la méditation et la dévotion, bien qu'ils ne s'y livrent pas de la manière prescrite par la loi; ce qui provient, avons-nous dil, de la circonstance que, pour eux, il n'y point d'obbgations. Chez les insensés, au contraire, nous ne trouvons aucun indice de ce pen- chant. En second lieu, les idiots sont fous par leur constitution na- turelle et depuis l'époque de leur naissance, tandis que chez les in- sensés la folie est survenue plus tard et à la suite d'accidents naturels qui ont affecté le corps. Quand cela leur arrive, une altération fâ- cheuse se produit dans leur âme raisonnable et ils agissent sans but et sans suite. En troisième lieu, les idiots fréquentent les hommes et leur sont tantôt utiles, tantôt nuisibles; ils n'en attendent pas la per- mission, parce qu'aucun devoir ne leur est imposé; les insensés, au contraire, n'aiment pas la société des hommes. Le sujet que nous ve- nons de traiter conduit à un autre dont nous allons parler. Diea est celui qui dirige vers la vérité.

Quelques personnes prétendent qu'il existe ici-bas des moyens à l'aide desquels l'âme peut obtenir des perceptions du monde spiri- tuel, bien qu'elle ne soit pas détachée de l'influenc* des sens. Tels sont les astrologues. Ils déclarent que les étoiles fournissent des in- dications; que, par leurs diverses positions dans la sphère céleste, elles amènent nécessairement certains résultats ; qu'elles exercent une influence sur les éléments, et que, par leurs aspects réciproques, elles combinent leurs natures dans un mélange qui réagit sur l'atmos- phère. Ces gens-là ne peuvent rien savoir du monde invisible; ils ne font que des conjectures et des suppositions basées sur l'idée que les astres exercent des influences. Ils enseignent qu'à force de tâtonne- l'-'oS. ments l'observateur peut reconnaître dans l'atmosphère un mélange de ces influences, et indiquer comment il se distribue à toutes les

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