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la faveur divine fussent confondues avec des miracles’. Il est cependant facile d’éviter toute méprise, si l’on applique le principe admis par les théologiens dogmatiques, d’après lequel tout miracle est accompagné d’une annonce préalable [takaddi), tandis que les autres signes (de la divine faveur) ne le sont pas.

On lit dans le Sahîh que le Prophète dit à ses compagnons : « Il y a parmi vous des inspirés^ et Omar est de ce nombre. » On sait que les compagnons eurent souvent l’occasion de reconnaître la vérité de cette parole. Citons, comme exemple, l’exclamation d’Omar : " Sarïa ! à la colline ! » Lors des premières conquêtes de l’islamisme, Sarïa, fils de Zoneïm , commandait, en Irac, un corps de troupes musulmanes. Dans une bataille qui s’engagea entre lui et les infidèles, il songeait à ordonner la retraite, et auprès de sa position était une colline où il pouvait se réfugier. Omar, qui était alors à Médine et qui prêchait en ce moment dans la mosquée, vit, par intuition ^ ce qui se passait et s’écria : « Sarïa 1 à la colline * ! » Sarïa entendit cet ordre dans le lieu même où il se trouvait, et il aperçut auprès de lui une personne ayant la figure d’Omar. L’anecdote est, du reste, bien connue ^ On raconte du khalife Abou Bekr un trait semblable. (Etant sur son lit de mort) il adressa des conseils à sa fille Aïcha, au sujet de quelques charges de dattes dont il voulait lui faire cadeau et qui se trouvaient dans son jardin. Il lui recommanda ensuite de faire la cueillette’^ de ces fruits sans retard, pour les empêcher de devenir la propriété des héritiers. Dans le cours de l’entretien, il fit cette remarque : « Les héritiers, ce sont ton frère et tes deux sœurs. - —

’ Voy. ci-devant, p. 191.

’ En arabe, otv^, mohaddelh. « Le mohaddeih, dil Mohammed, est celui dont les visions et les suppositions sont toujours justifiées par l’événement.» (Voyez Harîri de M. de Sacy, page l-i.)

^ Il faut peut-être lire $$$ à la place de $$$.

  • Dans le texte arabe , JjJI aj;1-* Ij • Il faut lire J.^ JjJl »j vL, L , malgré les manuscrits. Dans de pareilles expressions, quand il y a une ellipse du verbe, le complément se répète. (Voyez la Grammaire arabe de M. de Sacy, t. II, p. 46o. Voyez aussi Notices et extraits, t. XII , p. 3G4 , où la même anecdote est rapportée.)

’ Voy. Notices et extraits, loco laudato.

° Pour ï^lts;». , lisez 8jIo>.^.