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D'IBN KHALDOUN. 223

rament et de la faiblesse de leurs esprits animaux. Distraite par cette imperfection et par la maladie dont elle souffre, l'âme ne se laisse pas submerger dans les sens ûi s'y absorber. Quelquefois un autre esprit, de nature satanique, force l'âme à se remettre en rap- port avec le corps, et elle, trop faible pour lui résister, montre des indices de folie. Quand cela lui arrive, soit que l'imperfection de son tempérament opère sur l'infirmité du corps, soit que les esprits sata- niques l'obsèdent pendant qu'elle est dans la dépendance du corps, elle se dérobe tout à fait à l'influence des sens et jette un coup d'œii P. ig6. momentané sur son propre microcosme. Ayant alors reçu l'empreinte de quelques formes, elle les livre à l'opération plastique de l'ima- gination. Pendant qu'elle reste dans cet état, l'imagination parle au moyen de la langue de l'insensé , sans que celui-ci ait la volonté d'ar- ticuler une parole. Les perceptions recueillies par les hommes de toutes ces classes offrent un mélange de vérité et d'illusion; quand même ils se déroberaient à l'influence des sens, ils ne pourraient pas se mettre tout à fait en contact avec le monde spirituel, à moins d'employer le secours des formes extrinsèques, procédé nécessaire, ainsi que nous l'avons déjà établi; aussi leurs perceptions apportent avec elles un mélange de fausseté.

Les sachants cherchent à obtenir des perceptions spirituelles sans avoir le moyen de mettre leur âme en contact avec le monde invi- sible. Soumettant à la faculté réfléchissante la chose qu'ils cherchent à connaître, ils ont recours à des suppositions et à des conjectures, en partant de l'opinion qu'ils ont atteint à un commencement de contact' et de perception (spirituelle). Ils prétendent obtenir ainsi la connaissance du monde invisible, mais ils n'en apprennent absolu- ment rien.

Voilà l'indication sommaire des faits qui se rattachent à ce sujet. El-Masoudi en a parlé dans son Moroudj ed-Delieb ; mais, en traitant ces matières, il est bien loin d'avoir rencontré juste. On voit, à la

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