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222 PROLÉGOMÈNES

réellement (dans le miroir); c'est un autre mode de perception qui naît chez eux et qui s'opère, non pas au moyen de la vue, mais de l'âme. Il est vrai que, pour eux, les perceptions de l'âme ressemblent à celles des sens^ au point de les tromper; fait qui, du reste, est bien connu. La même chose arrive à ceux qui examinent les cœurs et les foies d'animaux [^ou qui regardent dans l'eau, dans les cuvettes ou dans d'autres objets du même genre.] Nous avons vu quelques-uns de ces individus entraver l'opération des sens par l'emploi de simples fumi- P. 195. gâtions; puis se servir d'incantations afin de donner à l'âme la disposi- tion requise; ensuite ils racontent ce qu'ils ont aperçu. Ces formes, disent-ils, se luontrent dans l'air et représentent des personnages; elles leur apprennent, au moyen d'emblèmes et de signes, les choses qu'ils cherchent à savoir. Les individus de cette classe se détachent moins de l'influence des sens que ceux de la classe précédente. L'uni- vers est plein de merveilles.

On appelle zedjr (augure) les prédictions que font certains hommes qui, après avoir vu un oiseau ou un quadrupède passer à leur gauche ou à leur droite, méditent là-dessus et annoncent ensuite des événe- ments futurs. Cette faculté existe dans l'âme et porte à faire des ré- flexions et des conjectures au sujet des indications fournies par la vue ou par l'ouïe. Comme son influence tient à l'imagination et qu'elle est très-forte , ainsi que nous l'avons déjà fait observer, l'augure ex- cite (l'imagination) et la pousse à l'investigation, en employant le se- cours de ce qu'il a vu ou entendu; il arrive ainsi à un certain résultat^, ainsi que cela a lieu par l'action de la puissance imaglnative pendant le sommeil et l'assoupissement des sens. Dans cet état, (l'imagination) rassemble les perceptions obtenues par la vue dans l'état de veille , et les unit à celles qu'elle a reçues de l'inteUigence ; de là résulte la vision spirituelle.

Chez les insensés, l'âme raisonnable est à peine dans la dépendance du corps; ce qui résulte, en général, de l'imperfection de leur tempé-

' Pour ^ , lisez (jJi. — ^ Celte ligne paraît être une interpolation d'un copiste.

— Me lis U: dîôf.

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