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ture, ainsi que nous l’avons dit. Quelques-unes de ces formes^ s’y montrent d’une manière assez claire pour que l’âme puisse en prendre connaissance. Elle les transmet alor; à l’imagination, afin que cette l’acuité les façonne - dans les moules qu’elle a l’habitude d’employer. Les reprenant ensuite dépouillées de tout mélange extrinsèque, ou bien renfei-mées dans leurs moules, l’âme les rapporte dans le domaine des sens, puis elle les fait connaître. Voilà en quoi consiste la disposition qui porte l’âme à recueillir des perceptions dans le monde invisible.

Reprenons le sujet qui nous occupait, c’est-à-dire les divers genres de divination.

Ceux qui regardent dans les corps diaphanes, tels que les miroirs, les cuvettes remplies d’eau et les liquides; ceux qui inspectent les cœurs, les foies et les os des animaux; ceux qui prédisent par le jet de cailloux ou de noyaux, tous ces gens-là appartiennent à la catégorie des devins; mais, à cause de l’imperfection radicale de leur nature, ils y occupent un grade inférieur. Pour écarter le voile des sens, le vrai devin n’emploie pas de grands efforts; quant aux autres, ils tâchent d’arriver au but en essayant de concentrer en un seul sens toutes leurs perceptions. Comme la vue est le sens le plus noble, ils lui donnent la préférence; fixant leurs regards sur un objet à superficie unie, ils le considèrent avec attention jusqu’à ce qu’ils y aperçoivent la chose qu’ils veulent annoncer. Quelques personnes croient que l'image aperçue de cette manière se dessine sur la surface du miroir; mais ils se trompent. Le devin regarde fixement cette surface jusqu’à ce qu’elle disparaisse et qu’un rideau, semblable à un brouillard, s’interpose entre lui et le miroir. Sur ce rideau se dessinent les formes qu’il désire apercevoir, et cela lui permet de donner des indications, soit affirmatives, soit négatives, sur ce qu’on désire savoir. Il raconte alors les perceptions telles qu’il les reçoit. Les devins, pendant qu’ils sont dans cet état, n’aperçoivent pas ce qui se voit

Pour $$$$, il faut lire, avec les manuscrits, $$$$.

Pour $$$$, il faut probablement lire $$$$.