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D'IBN KHALDOUN. 219

seignements. Nous pouvons mentionner encore les personnes qui , étant sur le point de s'endormir ou de mourir, parlent des choses appartenant au monde invisible; citons aussi les soufis, hommes qui se livrent aux exercices spirituels. On sait qu'ils obtiennent, comme une marque de la faveur divine, la faculté de recueillir des perceptions dans le monde invisible.

Maintenant nous allons traiter des diverses manières dont on ob- tient ces perceptions; nous commencerons par la divination, puis nous discuterons successivement toutes les autres. Mais, avant d'a- border ce sujet, nous aurons à présenter quelques observations qui montreront comment l'âme, dans chaque classe des personnes dont nous venons de faire mention, acquiert la disposition qui lui permet de recueiUir des perceptions dans le monde invisible.

L'âme, avons-nous dit, est une essence spirituelle qui existe en puissance, ce qui la distingue du reste des êtres spirituels. Elle passe de la puissance à l'acte par l'opération du corps et des diverses cir- constances dont il peut être affecté : c'est là un fait que tout le monde peut reconnaître. Or ce qui existe en puissance se compose de matière et de forme. La forme qui rend complète l'existence de l'âme consiste en perceptivité et en intellect. L'âme existe d'abord en puissance, avec une disposition qui lui facilite la perception et qui lui permet de recevoir les formes tant universelles que particulières. En- suite sa croissance et son existence en acte se perfectionnent par la coopération du corps, qui l'accoutume à recevoir les perceptions ob- tenues par les sens. L'âme ne discontinue pas d'apercevoir et d'ac- quérir des notions générales, et, comme les formes ^ qu'elle recueille s'intellectualisent les unes après les autres, elle acquiert elle-même une forme - en acte qui se compose de perception et d'intellect. Pen- dant que son essence se perfectionne ainsi, elle reste comme une matière à laquelle la perception fournit successivement diverses formes. Voilà pourquoi les enfants du premier âge sont incapables d'exercer

' Pour o\^^l , lisez ^^.<J t. un des manuscrits et dans l'édition de

' Le mol ')y^ est omis, à tort, dans Boulac.

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