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D'IBN KHALDOUN. 211:

dans un certain degré, à la nature prophétique, de même que tous les hommes participent (à la faculté d'ohtenir des révélations) par la voie des songes. Mais, sous ce rapport, les perceptions intellectuelles sont plus vives chez les devins. Quand ceux-ci n'avouaient pas que le prophète était véridique et qu'ils se laissaient entraîner' à le démentir, ils ne faisaient qu'ohéir aux suggestions de l'amour-propre , qui les portait à croire que cette faculté aurait dû leur appartenir. Ils tom- baient ainsi dans l'obstination, comme le lit Omaïya Ibn Abi 's-Salt, qui espérait devenir prophète. Il en fut de même d'Ibn Saiyad, de Moceïlema ^, et d'autres. Mais, lorsque le triomphe de la vraie foi eut mis un terme à ces vains souhaits, les devins se rallièrent franche- ment à la religion. C'est ce qui arriva à Toleïha '1-Acedi * et à Careb Ibn el-Asoued ^. La sincérité de leur conversion est attestée par la bravoure dont ils firent preuve lors des premières conquêtes de l'is- lamisme.

Passons à la vision spirituelle ^ C'est*' l'acte par lequel l'âme raisonnable aperçoit, dans son essence spirituelle, et pour un seul instant de temps, les formes des événements. L'âme, étant spirituelle par sa nature, doit contenir ces formes en acte, ainsi que cela a lieu pour toutes les essences spirituelles. Pour atteindre la spiritua- lité , l'âme doit se dépouiller de la matière et se dégager des per- ceptions recueiUies par le corps. Cela lui arrive pendant un court instant et par le moyen du sommeil , ainsi que nous l'expliquerons plus loin. Ayant alors recueilli les notions qu'elle recherchait relati- vement aux événements futurs, l'âme rapporte ces connaissances dans

' Entre les mots eili et <j , insérez ceval, t. III, p. Sog, 345 et suiv. et les

^tAaSjjj. Annales de Taberi, vol. I, p. gg.

' Pour l'histoire de ces deux per- * Careb Ibn el-Asoued, chef delà Iribu

sonnages, qui s'étaient donnés pour des de Thakif, défendit la ville de Taïf contre

prophètes, on peut voir r£«a! de M. Caus- Mohammed. Plus tard il embrassa l'isla-

sin de Perceval, t. III, p. 28g et suiv. 3og misme. et suiv. et les Annales de Taberi, vol. I, ' Littéral, «aux songes.»

p. lAg- ^ Pour L^JiJLiS.5, lisez L^jJLJii.

' Voyez l'Essai de M. Caussin de Per-

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