Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/320

Cette page n’a pas encore été corrigée

106 PROLÉGOMÈNES

fasse atlention à ces remarques, il reconnaîtra , dans ce que nous P. 173. venons d'indiquer, une preuve évidente de la supériorité de notre prophète sur tous les autres et de la prééminence du rang qu'il occupe parmi eux.]

Maintenant nous allons exposer la véritable nature du prophé- tisme, en nous conformant aux indications fournies par les docteurs les plus exacts'. Nous expliquerons ensuite la nature de la divination et des songes, puis nous traiterons de ce qui concerne les arraf [les sachants) ^, et d'autres matières qui appartiennent au domaine du monde invisible. En commençant ce discours, nous prions Dieu de nous diriger ainsi que nos lecteurs.

Si nous contemplons ce monde et les créatures qu'il renferme, nous y reconnaîtrons une ordonnance parfaite, un système régulier, une liaison de causes et d'effets, la connexion qui existe entre les diverses catégories d'êtres et la transformation de certains êtres en d'autres : c'est une suite de merveilles qui n'a pas de fin et dont on ne saurait indiquer les limites.

Nous commencerons par le monde sensible et matériel , et nous parlerons d'abord du monde visible, celui des éléments. Les élé- ments s'élèvent graduellement de l'état de terre à celui d'eau, puis à celui d'air, puis à celui de feu, se rattachant ainsi les uns aux autres. Chacun d'eux a une disposition à se transformer en l'élément qui lui est immédiatement supérieur ou inférieur, et quelquefois ce changement a elFectivement lieu. L'élément supérieur est plus délié que celui qui se trouve immédiatement au-dessous de lui; le plus léger a pour limite le monde des sphères. L'union des sphères entre elles forme une gradation dont la beauté nous échappe ; mais les mouvements que l'on y remarque ont conduit les hommes à décou-

' Le terme employé par notre auteur démonstratives ; les seconds appuyaient

est tis"^ (les vérificateurs). Une autie leurs preuves sur de nouvelles preuves,

classe de docteurs se désignait par le terme (Voyez Dictionary- of the ieclinical terms qf

(J^Jis^>-« (les subtiliseurs). Les premiers ré- the musulman sciences, by Sprenger. ) solvaienl des questions par des preuves ' C'est-à-dire les devins, les sorciers.

�� �