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D'IBN KHALDOUN.

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��est la contrée des Lemtouna et de tous les autres peuples qui ont la figure voilée'; c'est là une vaste étendue de déserts, où ces tribus se livrent à la vie nomade. Au sud de ce Nil existe un peuple noir que l'on désigne par le nom de Lemlem^. Ce sont des païens qui portent des stigmates sur leurs visages et sur leurs tempes. Les habitants de Ghana et de Tekrour font des incursions dans le territoire de ce peuple pour faire des prisonniers. Les marchands auxquels ils ven- dent leurs captifs les conduisent dans le Maghreb, pays dont la plu- part des esclaves appartiennent à cette race nègre. Au delà du pays des Lemlem, dans la direction du sud, on rencontre une population peu considérable ; les hommes qui la composent ressemblent plutôt à des animaux sauvages qu'à des êtres raisonnables. Ils habitent les ma- récages boisés et les cavernes ; leur nourriture consiste en herbes et en graines qui n'ont subi aucune préparation; quelquefois même ils se dévorent les uns les autres : aussi ne méritent-ils pas d'être comptés parmi les hommes. Les fruits secs que l'on consomme dans le pays des noirs viennent tous des bourgades^ qui se trouvent dans le désert du Maghreb; celles, par exemple, du Touat, de Tîgou- P. 96. rarîn*, et de Ouergla^.

On dit qu'il y avait à Ghana un empire dont les souverains ap- partenaient à la famille d'Ali (gendre de Mohammed) et formaient la dynastie des enfants de Saleh. Selon Idrîci^, Saleh était fds d'Abd-

��' Les Touaregs et tous les autres peu- ples berbers qui habitent le grand désert portent encore aujourd'hui un voile noir sur la figure et ne le quittent jamais. El- Bekri en parle dans sa Description de l'Afrique, p. 873 du tirage à part de la traduction française, et les voyageur» mo- dernes donnent de nombreux détails sur cette habitude.

' Voy. le Negroland de Cooley, p. 1 1 4 , et le Voyage du docteur Barlh.

' En arabe cosour, ou , selon la pronon- ciation vulgaire, ksour. Ce sont des vOlages

��ceints de murs et entourés de plantations de palmiers ; ils se trouvent dans la partie du grand désert qui avoisine la frontière méridionale de l'Algérie.

' Ttgourarîn est le pluriel berber de Tlgourart, diminutif de Gourura. Cette bourgade est située dans la partie nord- est de l'oasis de Touat.

' L'auteur a écrit Ouergîan. Ce mot est le pluriel berber de Ouergla, nom que l'on prononce aussi Ourgla.

° Voy. sa Géographie, 1. 1, p. 16.

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