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production des êtres, car la disparition des eaux et des vapeurs humides nuit à la formation des minéraux, des plantes et des animaux, vu que la production ne peut avoir lieu sans l’humidité. Lorsque le commencement du Cancer s’écarte (au sud) du zénith, ce qui a lieu dans les latitudes qui dépassent vingt-cinq degrés nord, le soleil se trouve éloigné du zénith, et la chaleur acquiert une température moyenne, ou peu s’en faut ; la production des êtres prend alors de l’activité et s’accroît graduellement, jusqu’à ce que le froid devienne sensible, par suite de la diminution de la lumière, et parce que les rayons du soleil frappent la terre sous un angle oblique. La puissance reproductive diminue alors, et s’altère; mais le changement qu’elle subit par suite de la chaleur surpasse de beaucoup celui qui est produit par l’intensité du froid, parce que l’action de la chaleur, dans le dessèchement, est plus prompte que celle du froid dans la congélation ; aussi le premier et le second climat ont une population peu nombreuse, tandis que le troisième, le quatrième et le cinquième ont une population moyenne, grâce à la chaleur modérée qui résulte de la diminution de la lumière. Dans le sixième et le septième climat, la population est très-grande, ce qu’il faut attribuer au décroissement de la chaleur et à la qualité possédée par le froid de ne pas nuire tout d’abord à la puissance reproductive, en quoi il diffère de la chaleur. En effet, le dessèchement ne peut avoir lieu en ces derniers climats que lorsque le froid est extrême, par suite de la sécheresse qui s’y déclare alors ; ce qui arrive au delà du septième climat ; ainsi, dans le quart septentrional du monde, la population est plus nombreuse et plus compacte. Mais Dieu en sait plus que nous !

D’après ces raisonnements, les philosophes ont supposé que les lieux placés sous l’équateur et les contrées qui s’étendent au delà sont complètement déserts ; mais on leur a répondu que, d’après le témoignage des voyageurs et une suite non interrompue de renseignements, il est certain que ces régions sont habitées. Comment répondre à cette objection ? Evidemment ces philosophes n’ont pas voulu nier, d’une manière absolue, que ces contrées fussent habitées.