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PROLÉGOMÈNES


A l’instigation de Koreïb Ibn Khaldoun, ils emprisonnèrent cet officier et tuèrent son fils. Koreïb s’empara alors du gouvernement de Séville. Ibn Saîd rapporte ce qui suit sur l’autorité d’El-Hidjari : « Après la mort d’Abd-Allah Ibn Haddjadj, son frère Ibrahim voulut s’emparer du pouvoir, et, pour mieux y réussir, il s’allia par un mariage à la famille d’Ibn Hafsoun[1], un des insoumis les plus redoutables de l’Espagne, et qui s’était rendu maître de la ville de Malaga et de toute cette province jusqu’à Ronda. Ayant ensuite abandonné ses nouveaux alliés, il se tourna vers Koreïb Ibn Khaldoun, gagna son amitié et devint son lieutenant dans le gouvernement de Séville. Koreïb opprimait les habitants et leur témoignait un mépris excessif, tandis qu’Ibrahim les traitait avec douceur et intercédait toujours en leur faveur auprès de son chef. S’étant concilié de cette manière l’affection du peuple à mesure que Koreïb la perdait, il fit demander secrètement à l’émir Abd-Allah des lettres de nomination au gouvernement de Séville afin de s’assurer, au moyen de cette pièce, toute la confiance de ses administrés. Ayant obtenu ce diplôme, il en donna connaissance aux notables (عـرفاء) de la ville, et ceux-ci, lui étant tout dévoués, se déclarèrent contre Koreïb, dont la conduite les avait indignés. Le peuple se souleva, tua Koreïb et envoya sa tête à l’émir Abd-Allah. Ibrahim devint ainsi maître de Séville.» — « Il résidait, dit Ibn Ilaiyan, tantôt à Séville et tantôt au château de Carmona, une des places les plus fortes de l’Espagne[2]. C’est là qu’il tenait sa cavalerie. Il enrôla des troupes, les organisa et, pour cultiver la faveur de l’émir Abd-Allah, il lui envoya de l’argent, de riches présents et des secours d’hommes à chaque bruit de guerre. Sa cour fut un centre d’attraction ; ses louanges étaient dans toutes les bouches; les hommes de naissance qui se rendaient auprès de lui rece-

  1. M. Dozy a raconté les aventures de cet homme remarquable dans le second volume de son Histoire des musulmans d’Espagne.
  2. Comme le nom du chef dont Ibn Haiyan parle dans le passage suivant n’y est pas mentionné, j’avais cru, en rédigeant la note 3 de la page 201 du second volume de l’Histoire des Berbers, qu’il s’agissait de Koreïb Ibn Khaldoun. J’ai reconnu depuis que l’historien pensait à Ibrahim Ibn el-Haddjadj.