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's* PROLÉGOMÈNES

de le décréditer' en attaquant ses doctrines, et en traitant de men- songe toutes ses prétentions. Ajoutez à cela que ses adversaires , les rois lemtouniens (les Almoravides)^, avaient habitué ces docteurs à des égards et à des témoignages de respect qu'aucune autre dy- nastie ne leur aurait accordés; et cela par suite de la simplicité d'es- P. 4i. prit et de la dévotion (peu éclairée) qui animaient la nation. C'en était au point que, dans cet empire , les légistes jouissaient de la plus haute considération et faisaient partie des conseils administratifs dans les endroits où ils demeuraient; plus ils avaient d'influence au- près de leurs concitoyens, plus ils obtenaient de faveurs. Traités de cette manière, ils étaient devenus les partisans les plus dévoués du gouvernement almoravide et les adversaires les plus acharnés de ses ennemis. Autant ils aimaient la dynastie des Lemtouna, autant ils détestaient celle des Almohades; jamais ils ne purent pardonner au Mehdi son opposition à la volonté de leurs souverains, les reproches qu'il leur adressait et les hostilités auxquelles il s'était livré contre eux. Or c'était un homme dont le caractère était au-dessus de leur portée et qu'ils étaient incapables d'apprécier^. Pensez donc qu'il avait blâmé ouvertement les fautes du gouvernement almoravide, et que, voyant contrarier ses elTorts par les légistes de cet empire, il avait appelé sa tribu aux armes, marché en personne à la guerre sainte et détruit cette dynastie. Les immenses forces de l'empii-e almo- ravide et la puissance qu'il avait acquise par le nombre de ses troupes et de ses partisans, tout s'écroula à la fois, renversé de fond en comble. Dans cette entreprise le Mehdi perdit une foule de combat- tants qui s'étaient engagés à mourir pour sa cause, à mériter la fa- veur de Dieu , en sacrifiant leur vie au triomphe et au maintien de la doctrine almohade. Aussi ce système religieux l'emporta sur les autres, et remplaça, en Espagne et dans le Maghreb, les croyances des dynasties antérieures. Pendant tout ce temps, et jusqu'à l'instant

' Il faut lire ]y2j.. ' A la letire, «1» place de cet homme

' Voyez l'Histoiiv des Derbers, t. II, était autre que leur place, et son étal était p. 67 et suiv. autre que leur croyance. »

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