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48 PROLÉGOMÈNES

quelque artifice afin d'ôter la vie à Idrîs. Cet agent, ayant fait sem- blant d'embrasser le parti d'idrîs et d'avoir renoncé au service de ses anciens maîtres, les Abbacides, reçut un très-bon accueil. Admis dans l'intimité d'idrîs, il profita d'une occasion, pendant qu'il était seul avec ce prince, pour lui faire prendre un poison dont l'effet fut mortel. Les Abbacides accueillirent avec joie la nouvelle de cet évé- nement; ils se flattaient d'avoir déraciné et abattu le parti que les descendants d'Ali s'étaient formé dans le Maghreb; mais ils n'avaient pas encore reçu la nouvelle que leur victime avait laissé une femme enceinte. Aussi, en moins de temps qu'il n'en faut pour dire non et non, l'empire idrîcide se releva dans le Maghreb; les amis de cette famille lui manifestèrent ouvertement leur dévouement, et rétablirent la dynastie en proclamant la souveraineté d'idrîs, fils d'idrîs. Ce fut là pour les Abbacides un coup plus douloureux que la blessure d'une flèche. L'empire fondé par les Arabes penchait vers sa décadence; aussi n'eurent-ils pas le courage de porter la guerre dans un pays éloigné; l'influence d'Er-Rechîd lui-même se réduisit à l'emploi d'une trahison , afin de faire empoisonner Idrîs P"", qui vivait sous la protection des Berbers dans le Maghreb el-Acsa. Les Abbacides eurent donc recours à leurs partisans, les Aghlebides de l'ifrîkiya, et ils leur ordonnèrent d'employer tous les moyens afin de fermer une brèche aussi dangereuse pour l'empire; d'extirper le mal qui, par l'audace des Idrîcides, menaçait l'Etat des conséquences les plus graves; enfin d'arracher l'arbre de la rébellion avant que ses racines se propageassent plus loin'. Ce fut de la part du khalife El-Ma- moun et de ses successeurs que ces injonctions arrivèrent aux Aghle- bides; mais ceux-ci étaient dans l'impuissance de lutter contre les Berbers du Maghreb el-Acsa; ils étaient même disposés à imiter leur exemple et à répudier l'autorité du gouvernement abbacide; car, à cette époque, les mamlouks de la garde du khalife, qui étaient de race P. 37. étrangère , s'étaient emparés du siège de l'empire et , se laissant en-

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