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46 PROLÉGOMÈNES

fraude; s'il marchait droit sans s'écarter du sentier do la rectitude, l'or pur et l'argent de bon aloi (en fait de science) auraient une valeur réelle sur son marché; mais s'il se laisse conduire par ses intérêts personnels et par ses préjugés, s'il se remue au gré d'intrigants qui se font les courtiers de l'injustice et de la déloyauté , alors les marchan- dises falsifiées et la fausse monnaie (de l'érudition) y auront seules du cours. Pour en apprécier la valeur, le juge clairvoyant doit porter en lui-même la balance de l'examen, la mesure de l'investigation et de la recherche.

Un récit du même genre et encore plus improbable est celui des gens qui attaquent la généalogie des Idrîcides. Ils disent qu'Idrîs H n'était pas le fds d'Idrîs l", fds d'Abd-AUah, fils de Hacen, fils d'El- Hacen, fils d' AH Ibn Abi Taleb (gendre du Prophète); puisse la faveur divine reposer sur eux tous ! Idrîs II succéda à son père comme souverain du Maghreb el-Acsa'; mais ces gens s'efforcent, avec une obstination extrême^, d'élever des doutes sur la légitimité de l'enfant qui, à la mort d'Idrîs I", n'était pas encore venu au monde; ils prétendent que Rached, affranchi de la famille, en était le père; que Dieu les couvre d'opprobre et les repousse ! Comme ils sont sotsl Ne savaient-ils donc pas qu'Idrîs I^' avait pris une épouse dans une fa- mille berbère? que, depuis son entrée dans le Maghreb jusqu'à l'épo- 35. que de sa mort, il s'était complètement retrempé dans les habitudes de la vie du désert? habitudes qui ne permettent pas la séclusion. Chez ces Berbers il n'y avait pas d'endroits cachés qui pussent prêter à des soupçons; les femmes étaient exposées à être vues de leurs voi- sines et entendues de leurs voisins, parce que les maisons se tou- chaient et avaient peu d'élévation, et qu'aucun espace ne séparait les diverses habitations. Après la mort du souverain , Rached s'était chargé du service de toutes les femmes appartenant à la famille , et il était constamment sous les yeux et sous la surveillance des amis et des partisans des Idrîcides. Or tous les Berbers du Maghreb el-Acsa

' C'est-à-dire V extrême Occident, le pays ^ La leçon i)Jl esl celle de tous les ma-

qui forme le royaume actuel de Maroc. nuscrits et ne présente aucune difficulté.

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