Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
vii
D'IBN KHALDOUN.


tion qui eut lieu après la prise de Séville par Ibn Adfonch, roi des Galiciens[1]. L’auteur de cette notice se nomme Abou Zeïd Abd er-Rahman, fils de (Abou Bekr) Mohammed, fils de (Abou Abd-Allah) Mohammed, fils de Mohammed, fils d’El-Hacen, fils de Mohammed, fils de Djaber, fils de Mohammed, fils d’Ibrahîm, fils d’Abd er-Rahman, fils de Khaldoun[2]. Pour remonter à Khaldoun, je donne ici une série, de dix aïeux seulement; mais je suis très-porté à croire qu’il y en avait encore dix dont on a oublié de rapporter les noms. En effet, si Khaldoun, le premier de nos aïeux qui s’établit en Espagne, y entra lors de la conquête de ce pays (par les musulmans), l’espace de temps qui nous sépare de lui serait de sept cents ans, ou d’environ vingt générations, à raison de trois générations par siècle[3].

Nous lirons notre origine de Hadramaout, tribu arabe du Yémen, et nous nous rattachons à ce peuple dans la personne de Ouaïl Ibn Hodjr, chef arabe qui fut un des Compagnons du Prophète. Abou Mohammed Ibn Hazm dit dans son Djemhera[4]: « Ouaïl était fils de Hodjr, fils de Saad, fils de Mesrouc, fils de Ouaïl, fils d’En-Nôman, fils de Rebïah, fils d’El-Hareth, fils de Malek, fils de Chorahbîl, fils d’El-Hareth, fils de Malek, fils de Morra, fils de Homeïdi (var. Hamîri, Himyeri), fils de Rend (var. Zeïd), fils d’El-Hadremi, fils

  1. Ferdinand III, fils d’Alphonse IX et souverain des royaumes de Léon et de Castille, acheva la conquête de Séville en novembre 1248. A la suite de cet événement, un grand nombre de musulmans espagnols émigrèrent en Afrique.
  2. En Mauritanie et en Espagne, les grandes familles d’origine arabe se distinguaient par des noms particuliers choisis dans leurs listes généalogiques. On adoptait le nom le moins usité, et par conséquent le plus remarquable. Si la liste des ancêtres se composait de noms d’un emploi général, on y prenait un composé de trois consonnes et on y ajoutait la syllabe oun. Ainsi se formèrent les noms de Hafsoun, Bedroun, Abdoun, Zeldoun, Khaldoun, Azzoun. Selon M. Dozy (Baiyan, t. II, p. 48), cette terminaison est bien réellement l’augmentatif espagnol qui se trouve dans hombron « gros homme,» perron « gros chien », grandon « très-gros,» mugerona « grande femme,» formes augmentatives de hombre, perro, grande, muger.
  3. Voyez ci-après, p. 350.
  4. Abou Mohammed Ali Ibn Hazm ed-Dhaheri, traditionniste et historien, naquit à Cordoue l’an 384 (994 de J. C.), et mourut près de Niebla en 456 (1064)- Son ouvrage, le Djemhera-t-el-ansab, est, comme son titre le donne à entendre, un grand recueil de notices généalogiques.