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Pour donner une idée plus satisfaisante du contenu des Prolégomènes, j’aurais pu reproduire ici l’analyse que M. Silvestre de Sacy en a publiée dans la Biographie universelle, t. XXI, p. 154 et suiv. mais je puis m’en dispenser, parce que j’ajoute à la fin de chaque partie de cette traduction une liste de chapitres avec l’indication des matières dont les chapitres les plus longs se composent.

Le style d’Ibn Khaldoun, dans les Prolégomènes et dans plusieurs chapitres de l’Histoire universelle, est très-irrégulier, et n’est pas toujours facile à entendre. Pour dire les choses les plus simples, l’auteur emploie volontiers des phrases surchargées de termes abstraits, entrecoupées de parenthèses et de répétitions, et rendues encore plus obscures par la difficulté qu’il éprouvait à exprimer nettement ses idées, et par l’emploi de pronoms relatifs dont on ne distingue pas toujours les antécédents, à moins de connaître les détails du sujet dont il s’occupe ou de l’événement dont il fait le récit. Le chapitre sur les rois chrétiens de l’Espagne , si habilement débrouillé et traduit par M. Dozy \ offre un exemple frappant de cette incorrection de style. Ajoutons à cela que, dans les phrases d’Ibn Khaldoun, les règles de la construction grammaticale ne sont pas toujours observées. Ces derniers défauts paraissent former le caractère distinctif de tous les ouvrages historiques et scientifiques composés par des natifs de la Mauritanie; ils ne se retrouvent pas aussi souvent chez les écrivains de l’Orient ni chez les auteurs espagnols : les phrases d’Ibn Haiyan, de Tortouchi et d’Averroès sont toujours claires et correctes. En dernier lieu j’indiquerai la tournure, souvent peu logique, des raisonnements employés par notre auteur. Ses arguments sont diffus et embrouillés; au lieu d’aller directement au but, ils

’ Voyez ci-devant, page c, note i.