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le même auteur, représente Djalout comme la même personne que Bal, fils de Baloud, fils de Dial, fils de Bernès, fils de Sefek [ou Sofok[1]] lequel est le père de tous les Berbères.

Les généalogistes zenatiens eux-mêmes prétendent que leur tribu, les Zenata, descend de Himyer par les Tobba ; mais quelques-uns d'entre eux disent que les Zenata sont la postérité des Amalécites et que leur aïeul, Djalout, appartenait au même peuple.

De toutes ces origines, la seule véritable est celle mentionnée par Ibn-Hazm en premier lieu ; les autres sont fausses. D'abord, la généalogie produite par Ibn-Coteiba est embrouillée et renferme des interpolations ; quant à la filiation par laquelle on voudrait rattacher Madghis à Caïs-Ghailan, on la trouvera [discutée] au commencement de notre traité sur les Berbères dans le chapitre où il est question de leur origine[2] ; d'ailleurs les noms de tous les fils de Caïs-Ghailan sont connus [et puisqu'on n’y rencontre aucune mention d’un Berr, fils de Caïs et père de Madghis, il faut le regarder comme un personnage imaginaire].

L’idée de faire descendre Djalout (Goliath) de Caïs est encore une absurdité ; car Mâdd-Ibn-Adnan, le cinquième aïeul de Caïs, était contemporain de Bakht[3]-Nasr [Nabuchodonosor], ainsi que nous l'avons dit dans la première partie de notre histoire universelle[4]. A l'époque où Bakhi-Nasr établit sa domination sur les Arabes, Dieu ordonna par voie de révélation à Jérémie, prophète des enfants d’Israël, de faire évader Mâdd et de raccompagner jusqu’à son pays[5]. Or, Bakhi-Nasr vécut environ quatre cent cinquante ans après Dawoud (David), car ce fut lui qui ruina le temple que David et Salomon avaient bâti à Jérusalem, et qui avait subsisté pendant cet espace de temps. Donc Mâdd vécut

  1. Voy., en tète de ce volume, notre notice sur les origines berbères.
  2. Voy. t. I, p. 183 et suiv.
  3. Lisez, dans le texte arabe : modsiran-li-Baki-Nasr.
  4. Cette partie du grand ouvrage d’Ibn-Khaldoun est encore inédite
  5. Voy. l'Essai de M. C. de Perceval, t. I, p. 181 et suiv.