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HISTOIRE DES BERBÈRES.

revenu de l’Orient, prit alors possession de Tunis et y établit comme sultan l'imam Abou-Ishac, fils d’Abou-Yahya-Abou-Bekr. Comme il tenait ce prince en tutèle, afin de pouvoir exercer lui-même toute l’autorité, il mécontenta les frères Mekki à un tel degré qu’ils embrassèrent le parti de l'émir Abou-Zeid, seigneur de Constantine. Ahmed-lbn-Mekki, accompagné par Mohammed-Ibn-Taieb-Ibn-Mohelhel, commandant des nomades de l'Ifrîkïa, et par tous les gens de ce chef, se rendit auprès d’Abou-Zeid et l’engagea à marcher sur Tunis. Ce prince le choisit aussitôt pour chambellan et lui confia la direction de l'entreprise. Ibn-Tafraguîn envoya contre eux son sultan, Abou-Ishac, à la tête des troupes tunisiennes et d’un corps d’Arabes commandé par Khaled-Ibn-Hamza. En l'an 753 (1352), les deux armées se rencontrèrent à Mermadjenna ; celle d’Abou-Zeid remporta la victoire et poursuivit les fuyards jusqu’à Tunis. Elle entreprit même le siège de cette ville, quand le bruit se répandit que l’armée mérinide avait occupé Médéa, sur la frontière du royaume de Tlemcen, et que le sultan Abou-Einan, après avoir exterminé[1]les Beni-Abd-al-Ouad et réuni toutes les populations zenatiennes sous un même drapeau, se trouvait maître des deux Maghrebs et menaçait les villes de Bougie et de Constantine. A cette nouvelle, les assiégeants de Tunis se dispersèrent et l'émir Abou-Zeid repartit pour Constantine. Ahmed-Ibn-Mekki étant rentré à Cabes, obtint d’Abou-Zeid que le gouvernement de cette ville et de l'île de Djerba fût exercé par la famille Mekki, conjointement avec Abou-'l-Abbas, frère de ce prince. Tel fut le commencement du règne de ce sultan et de sa carrière heureuse. Abou-'l-Abbas se rendit à Cabes et, après y avoir établi son autorité, il passa dans l'île de Djerba et en expulsa les troupes qui assiégeaient El-Cachetîl au nom d'Ibn-Thabet, seigneur de Tripoli. Il rentra alors à Cabes et, quelque temps après, il envoya son frère Abou-Yahya-Zékérïa auprès d'Abou-Einan, roi du Maghreb, dont il désirait obtenir l’appui. Ibn-Mekki y ex-

  1. Dans le texte arabe, lisez istalhum.