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HISTOIRE DES BERBÈRES.

qu’à ce qu’il eut fait disparaître du Maghreb toute trace de cette secte infidèle.

En l’an 451 (1059), douze mois après la mort d’Ibn-Yacin, son successeur, Ibn-Addou, périt en combattant ce même peuple. L’année suivante, Abou-Bekr mit le siège devant la ville de Louata, et, l’ayant emportée d’assaut, il passa au fil de l’épée tous les Zenata qui s’y étaient enfermés.

Il n’avait pas encore terminé la conquête du Maghreb, quand il apprit que la division s’était mise entre les Lemtouna et les Messoufa, et cela, dans le Désert même, lieu de leur origine, région où ils avaient jeté leurs premières racines et dans laquelle ils s’étaient multipliés. Craignant que ces dissensions n’amenassent la rupture des liens qui tenaient ces tribus ensemble, il partit pour y porter remède. Cette démarche lui paraissait d’autant plus nécessaire qu’il désirait éviter la rencontre de Bologguin, fils de Mohammed-Ibn-Hammad et seigneur de la Calâ, qui, en l’an 453, venait de se mettre en marche pour le Maghreb. Ayant donc confié à sou cousin Youçof , fils de son oncle paternel Tachefin, le soin de gouverner ce pays pendant son absence, il lui fit épouser Zeinab avec laquelle il divorça exprès, et se rendit au milieu de son peuple pour réparer les brèches que la discorde y avait opérées. Voulant alors donner un libre cours à leur ardeur, il les mena contre les nations infidèles du Soudan, et porta ses armes victorieuses jusqu’à la distance de quatre-vingt-dix journées au-delà du pays des Almoravides.

Pendant ce temps, Youçof-Ibn-Tachefin se tenait sur la frontière du Maghreb, et Bologguîn, ayant assiégé Fez et obtenu des otages pour en assurer la soumission, était rentré dans le Maghreb central. Youçof passa alors dans le Maghreb et en soumit une grande partie. Abou-Bekr y arriva quelque temps après et trouva son lieutenant peu disposé à reconnaître son autorité. Zeinab avait conseillé à Youçof de faire acte d’indépendance, sous les yeux mêmes de son ancien chef, et de lui offrir en cadeau une quantité de ces objets et ustensiles dont on a le plus besoin dans le Désert. L’émir Abou-Bekr comprit la signification de ce don, et, pour éviter un conflit, il céda à Youçof -Ibn-Tachefin le