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LVI
INTRODUCTION.

reste fut emmené captif et Damas devint la proie des flammes.

Nous allons maintenant examiner ce que devint Ibn-Khaldoun pendant ces événements désastreux.

« Le grand cadi Ouéli-ed-dîn-Abd-er-Rahman-Ibn-Khaldoun était à Damas lors du départ du sultan. En apprenant cette nouvelle, dit El-Macrîzi, il descendit du haut de la muraille, au moyen d’une corde, et alla trouver Tamerlan, qui l’accueillit avec distinction et le logea chez lui. Plus tard, il autorisa Ibn-Khaldoun à se rendre en Egypte, et celui-ci profita de la permission. »

« Quand Ibn-Khaldoun se trouva enfermé dans Damas, (dit ailleurs le même historien) il descendit du haut de la muraille, au moyen d’une corde, et se rendit au milieu des troupes de Timour, demandant à être conduit auprès de leur chef. Dans cette entrevue, Timour fut frappé de la figure distinguée d’Ibn-Khaldoun, et ébloui même par son discours. L’ayant fait asseoir près de lui, il le remercia de lui avoir procuré l’occasion de faire la connaissance d’un homme si savant. Il le retint chez lui, et le traita avec les plus grands égards jusqu’au moment où il lui accorda la permission de partir. Le jeudi, premier jour du mois de Châban de la même année, le grand cadi Ouéli-ed-dîn-Abd-er-Rahman-Ibn-Khaldoun arriva au Caire, ayant quitté Damas avec l’autorisation de Tamerlan, qui lui avait donné un sauf-conduit signé de sa propre main. Cette signature se composait des mots Timour Gorghan[1]. Grâce à l’intercession d’Ibn-Khaldoun, plusieurs prisonniers obtinrent la permission de partir avec lui ; parmi eux se trouvait le cadi Sadr-ed-dîn-Ahmed, fils du grand cadi Djemal-ed-dîn-el-Caissari, l’inspecteur de l’armée[2]. »

L’historien, Ibn-Cadi-Chohba, raconte ainsi les mêmes faits :

  1. Selon Ibn-Arabchah, le mot gourghan signifie gendre dans le langage des Moghols ; Tamerlan porta ce titre parce qu’il avait épousé plusieurs filles de rois.
  2. Les renseignements qu’on vient de lire sont tirés du Solouk d’El-Macrîzi, des Annales égyptiennes, d’Ibn-Cadi-Chohba, de l’Anbâ-el-Ghomr, et de l’Histoire des sultans de l’Egypte, de Bedr-ed-Dîn. Ces ouvrages se trouvent dans la bibliothèque nationale, département des manuscrits.