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XLVII
INTRODUCTION.

se tint avec un corps d’Arabes à El-Guetfa[1], afin de leur couper la retraite s’ils essayaient de s’enfuir vers le Désert. Il occupait encore cette position quand son camp fut attaqué par les Zoghba et les Oulad-Arîf, tribus arabes qu’Abou-’l-Abbas était parvenu à gagner. Les Douaouida, qui se trouvaient avec Ibn-Khaldoun, prirent aussitôt la fuite et le mirent dans la nécessité d’opérer sa retraite vers le Zab. Les Hosein, soutenus par les vainqueurs, enlevèrent d’assaut le camp d’Abou-Hammou, et obligèrent ce prince à reprendre la route de Tlemcen.

Pendant quelques années encore, Ibn-Khaldoun travailla à lui assurer l’appui des Arabes ; mais enfin, il apprit que le sultan mérinide, Abd-el-Azîz, avait formé le projet de marcher contre les Abd-el-ouadites. « Je vis alors, dit-il, qu’il me serait très-difficile de passer chez les Arabes rîahides[2] où j’avais reçu l’ordre de me rendre ; reconnaissant aussi que la guerre était imminente et sachant que les insurgés avaient intercepté la route que je devais prendre, j’obtins l’autorisation de passer en Espagne. Arrivé au port de Honein, j’appris l’entrée du sultan mérinide à Téza et la fuite d’Abou-Hammou qui s’était retiré vers le Désert. Ne trouvant pas de navire à Honein pour me transporter en Espagne, je cessai de m’en occuper, et ce fut alors qu’un misérable délateur eut la pensée d’écrire au sultan Abd-el-Azîz que j’étais chargé d’un dépôt précieux qu’Abou-Hammou m’avait ordonné de porter au souverain de l’Andalousie. Abd-el-Azîz fit aussitôt partir de Téza un détachement de troupes pour m’enlever ce prétendu dépôt, et comme on ne trouva rien sur moi, je fus conduit prisonnier auprès de ce sultan qui s’était avancé jusqu’aux environs de Tlemcen. Il m’interrogea au sujet de ma mission, et quand je lui eus expliqué la vérité, il me reprocha d’avoir quitté le service mérinide. Je m’en excusai en rejetant le blâme sur le

  1. Voy. ce nom dans le Dictionnaire géographique qui suit cette introduction.
  2. Ces Arabes occupaient alors le pays, au Sud-Est de Tîteri, qui est habité maintenant par les Oulad-Naïl.