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EN-NOWEIRI.

le jeudi, 22 du mois de Rebiâ second de l’an 226 (février 841), après un règne de deux ans, neuf mois et neuf jours. Il ressemblait à son aïeul El-Aghleb moralement et physiquement.

§ XLII. — RÈGNE D’ABOU-’L-ABBAS-MOHAMMED, FILS D’EL-AGHLEB, FILS D’IBRAHÎM, FILS D’EL-AGHLEB.

L’historien dit : A la mort d’Abou-Eical-el-Aghleb, son fils Mohammed lui succéda, et, bien qu’il fût le plus incapable des hommes, il remporta toujours la victoire sur quiconque osait lui résister. Il confia plusieurs charges importantes à son frère [Abou-Djâfer-Ahmed] qui exerçait sur lui une grande influence, et il laissa la direction des affaires publiques et les fonctions de vizir à Abou-Abd-Allah et à Abou-Homeid, tous les deux fils d’Ali-Ibn-Homeid. Cette préférence blessa son frère Abou-Djâfer et l’indisposa ainsi que les amis de ce prince ; ils virent d’un œil jaloux la faveur dont jouissaient ces hommes, et Nasr-Ibn-Hamza-el-Djeraoui, l’ami intime d’Abou-Djâfer [le poussa à des mesures violentes]. Aussi, pendant que l’émir Mohammed ne se doutait de rien, occupé, comme il l’était, d’amusements frivoles et plongé dans les plaisirs, son frère trama un complot contre lui et corrompit plusieurs de ses clients. Lorsque Ahmed eut gagné assez de partisans pour l’exécution de son projet, il monta à cheval à l’heure de la plus grande chaleur du jour, et s’élançant vers le plais dont la porte se trouvait alors dégarnie de monde, il y pénétra et tua Abou-Abd-Allah, fils d’Ali-Ibn-Homeid. L’alarme fut donnée, et Mohammed ayant appris ce qui se passait, alla se réfugier dans le kiosque construit par son oncle Zîadet-Allah. Pendant que les gardes du palais soutenaient un combat contre les partisans de son frère, ceux-ci leur adressèrent ces paroles : « Pourquoi vous battre contre nous qui sommes aussi les serviteurs fidèles de Mohammed ? Nous n’en voulons qu’aux fils d’Ibn-Homeid ; à des misérables qui vous écrasent sous un joug de fer et qui se sont appropriés les richesses