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APPENDICE.

dès ce moment la tranquillité se rétablit en Ifrikïa, après une guerre civile de treize ans.

L’historien dit : Ce fut alors, c’est-à-dire dans le mois de Djomada second de l’an 221 (mai-juin 836), que Zîadet-Allah bâtit la grande mosquée de Cairouan et fit démolir celle qui avait été construite par Yezîd-Ibn-Hatem. Il dit un jour à ses amis : « J’espère bien obtenir, la miséricorde de Dieu, lorsque je comparaîtrai devant lui, au jour de la résurrection ; j’obtiendrai cette grâce, j’en suis convaincu, car j’ai fait quatre choses pour la mériter : j’ai dépensé quatre-vingt mille pièces d’or pour construction de la grande mosquée de Cairouan ; j’ai bâti le pont à la porte d’Abou-’r-Rebiâ ; j’ai fait construire à Souça une forteresse pour les personnes qui veulent acquérir le mérite d’avoir fait la guerre contre les infidèles [1], et j’ai confié les fonctions de cadi à Ahmed-Ibn-Abi-Mahrez. »

Ce fut sous le règne de Zîadet-Allah que se fit la conquête de la Sicile. Il y envoya dix mille hommes sous les ordres du cadi Aced-Ibn-el-Forat. Le roi de l’île, qui avait marché contre ce chef avec cent cinquante mille hommes, fut mis en fuite, et Ibn-el-Forat y établit pour gouverneur Ziadet-Allah-Mohammed-Ibn-Abd-Allah-Ibn-el-Aghleb[2].

Ziadet-Allah [gouverneur de l’Ifrikïa] mourut le mardi, 14 du mois de Redjeb de l’an 223 (juin 838), âgé de cinquante-un ans. Il avait régné sur l’Ifrikïa vingt-un ans, sept mois et huit jours. Il était, de tous les membres de sa famille, celui qui parlait [l’arabe] avec le plus de pureté et d’élégance. Dans son

    qui se livra près d’El-Yahoud, ville située dans cette péninsule, Abd-es-Selam perdit la vie. Fadl se réfugia dans Tunis, mais les troupes de Ziadet-Allah vinrent assiéger cette ville et l’emporter d’assaut. Un grand nombre d’habitants fut massacré par les soldats, entre autres, le saint et savant jurisconsulte, Abbas-Ibn-el-Ouelid. — (Ibn-el-Athir.)

  1. L’arabe porte Casr al-Morabitin (château des Marabouts). Ce fut un espèce de ribat comme le nom l’indique. (Voyez ci-devant, page 83, note 2.)
  2. En-Noweiri a donné dans son encyclopédie une histoire assez détaillée de la conquête de la Sicile. Ce récit a été traduit et publié, il y a une quarantaine d’années, par M. Caussin père.