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EN-NOWEIRI.

Ghalboun était accouru pour l’instruire de ce qui venait de se passer, expédia des lettres de grâce aux miliciens et à leurs chefs ; tentative inutile ; aucun d’eux ne voulut les recevoir, et tous se réunirent de nouveau, plus insoumis que jamais. Mansour les plaça sous les ordres d’Amer-Ibn-Nafê et les envoya contre Zîadet-Allah, qui, de son côté, mit en campagne un corps considérable de troupes, composé, en grande partie, de ses clients et de ses affranchis et commandé par Mohammed-Ibn-Abd-Allah-Ibn-el-Aghleb. Il en résulta un conflit dans lequel l’armée de Mohammed-Ibn-Abd-Allah fut mise en pleine déroute et perdit ses principaux chefs. Parmi les morts on compta Mohammed, fils de Ghalboun, Mohammed, fils de Hamza-er-Razi et Abd-Allah-Ibn-el-Aghleb. Toute l’infanterie de Zîadet-Allah fut exterminée, et le reste de ses troupes fut poursuivi et sabré par la milice. Cet événement obligea Zîadet-Allah de marcher en personne contre les rebelles. Il choisit une position entre El-Fostat et El-Casr[1], qu’il fortifia par un retranchement [pour lui servir de lieu de retraite], et ensuite il eut plusieurs rencontres avec l’ennemi. Pendant quelque temps, les succès se balancèrent des deux côtés, mais, à la fin, Mansour et les siens furent mis en déroute et obligés de se réfugier à Tunis.

Lors de ces événements, le peuple de Cairouan avait prêté des secours à Mansour ; aussi, les compagnons de Zîadet-Allah lui conseillèrent de détruire la ville de fond en comble, et d’en exterminer les habitants. A cette proposition il répondit qu’il avait fait vœu de leur pardonner, s’il remportait la victoire. Toutefois, il fit abattre les murailles et les portes de la ville.

L’historien dit : Mansour, étant parvenu à rallier ses partisans, se trouva de nouveau dans une position prospère[2] ; et de toute l’Ifrîkïa il ne resta à Zîadet-Allah que les pays maritimes et la

  1. El-Fostat signifie la tente, et El-Casr, le château. Ce dernier est sans doute le même que la forteresse bâtie par Ibrahîm-Ibn-el-Aghleb. El-Fostat était probablement un camp retranché, sous les murs de Cairouan.
  2. Mansour, devenu ainsi maître de presque tout le royaume de Zîadet-Allah, fit frapper des monnaies en son propre nom. — (Baïan.)