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EN-NOWEIRI.

obéirons plus. » Hamdîs périt dans cette bataille[1] et ses troupes furent mises en pleine déroute. Emran entra à Tunis et fit rechercher et mettre à mort tous ceux qui avaient pris le parti de Hamdis. Cette révolte eut lieu en l’an 186 (802).

Ibrahim-Ibn-el-Aghleb gouvernait l’Ifrîkïa quand Idrîs, fils d’Idrîs, fils d’Abd-Allah, fils d’El-Hacen, fils d’El-Hacen, fils d’Ali, fils d’Abou-Taleb, réunit [dans le Maghreb-el-Acsa] un grand nombre de partisans et fit reconnaître son autorité aux tribus voisines. Ne voulant pas combattre ouvertement un descendant du Prophète, Ibrahîm chercha à corrompre ceux qui l’entouraient, et, dans ce but, il écrivit à Behloul-Ibn-Abd-Ouahed-el-Madghari, chef très-puissant qui soutenait Idris et lui servait de conseiller intime : Il parvint, enfin, à détacher ce personnage de la cause d’Idrîs et à le faire rentrer dans l’obéissance. Idrîs se voyant abandonné, adressa une lettre à Ibrahîm pour exciter sa commisération, le priant de l’épargner et de ne pas inquiéter un proche parent du saint Prophète. Cette démarche eut pour résultat qu’aucune guerre n’eut lieu entre eux[2].

Emran-Ibn-Mokhaled se révolta aussi contre Ibrahîm. Le motif qui le porta à prendre les armes fut celui-ci : lorsqu’Ibrahîm eut construit le château qui porte le nom d’El-Casr-el-Cadîm (le vieux château), il sortit un jour à cheval, accompagné d’Emran. Pendant la promenade, celui-ci ne cessa de l’entretenir, mais Ibrahîm, tout préoccupé du projet d’aller s’y installer, n’apporta aucune attention au discours de son compagnon, et arrivé au Mosalla de Rouh, il lui dit : « Vous devez bien vous apercevoir que je n’ai rien entendu de vos paroles ; répétez-les. » Blessé de cette observation, Emran lui répondit : « Depuis le moment de votre sortie, je n’ai fait que vous parler, mais vous ne m’avez accordé aucune attention. » Dès lors ses sentiments

  1. Selon Ibn-el-Athîr et Ibn-Khaldoun, Hamdîs prit la fuite lors de la défaite de ses troupes, dont dix mille hommes restèrent sur le champ de bataille.
  2. En l’an 189, les Tripolitains chassèrent leur gouverneur, Sofyan-Ibn-el-Meda, et prirent pour chef Ibrahîm-Ibn-Sofyan-el-Temimi. Vers la fin de la même année, ils firent leur soumission.