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398. APPENDICE.

bide léguait l'empire à celui de ses fils ou de ses frères qu'il voulait avoir pour successeur, sans même régler son choix d'après le mérite de l'individu ; et les chefs de l’armée n'apportaient aucun obstacle à ces nominations. Nous en fournirons la preuve dans le récit qui va suivre. Cette dynastie comprit onze princes et régna cent douze ans et quelques jours. Le premier de ces souverains était Ibrahim-Ibn-el-Aghleb.

§ XXXVIII. —— RÈGNE D'IBRAHÎM-IBN-EL- AGHLEB.

L'historien dit : Lorsqu'Ibrahîm-Ibn-el-Aghleb eut rétabli Ibn-Mocatel-el-Akki dans le commandement et éloigné du pays Temmam-Ibn-Temfm, le maître des postes, Yahya-Ibn-Ziad, écrività Haroun-er-Rechid pour lui faire part de ces événements. Le khalife donna lecture de cette dépêche à ses amis, et s’adressant ensuite à Herthema-Ibn-Aïen, il lui dit « [Quelle est ton opinion ?] il n’y a pas longtemps que tu en viens. » — « Commandant des croyants! répondit Herthema, à l’époque de mon retour de l'Ifrikïa, tu m'avais questionné au sujet des dispositions du peuple, et je t'avais dit que parmi eux il ne se trouvait personne de plus dévoué, de plus illustre par sa réputation et de plus généralement aimé qu'Ibrahîm, fils d'El-Aghbleb ; la con- duite qu'il a tenue depuis, en soutenant ton autorité, a confirmé mes paroles.»1 Ces mots décidérent Er-Rechîd à faire expédier la nomination d'Ibrahîm au gouvernement de l'Ifrikïa. A l’arrivé de ce document, Ibrahîm fit dire à Ibn-Mocatel-el-Akki qu'il pouvait retarder, tant qu’il voudrait, son départ. A l’expiration de quelques jours Ibn-Mocatel se rendit à Tripoli où il rencontra Hammad-es-Saoudi qui arrivait en Ifrikïa, porteur de


1 Ibn-el-Aghleb avait déjà écrit au khalife pour demander le gouvernement de l'Ifrikïa. Dans cette lettre, il prit l'engagement de renoncer à la subvention de cent mille dinars que le gouverneur de l'Egypte envoyait tous les ans ; il offrit encore de payer au khalife une somme annuelle de quarante mille dinars.