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EN-NOWEIRI.

affaires d’Ibn-el-Djaroud, et voulant séduire les commandants [des troupes et des villes], il leur écrivit à tous, promettant à chacun d’eux en particulier, de lui conférer le commandement en chef. Ces sourdes menées compromirent la situation d’El-Fadl, et amenèrent des événements qu’il serait trop long de raconter. Un combat s’ensuivit qui eut pour résultat d’ouvrir à Ibn-el-Djaroud et à ses partisans la route de Cairouan. Cette ville succomba et El-Fadl dut prendre la fuite. Bientôt après, cet officier tomba au pouvoir d’Ibn-el-Djaroud. Celui-ci voulait le retenir prisonnier, mais ses partisans lui firent observer que la guerre n’aurait pas de terme, tant qu’El-Fadl vivrait. Ce fut en vain que Mohammed-Ibn-el-Farci essaya, par ses conseils, de sauver la vie du prisonnier ; les autres révoltés se jetèrent sur le malheureux Fadl et le tuèrent[1]. Ensuite Ibn-el-Djaroud expulsa de l’Ifrîkïa Nasr, fils de Habîb, et El-Mohelleb, Khaled et Abd-Allah, tous trois fils de Yezîd.

§ XXXIV. — SUITE DE L’HISTOIRE D’IBN-EL-DJAROUD.

L’historien dit : Après la mort d’El-Fadl et la prise de Cairouan par Ibn-el-Djaroud, Chemdoun, le général commandant de Laribus, en fut tellement indigné qu’il prit les armes. Felah-Ibn-Abd-er-Rahman-el-Kilaï, officier du même rang, se joignit à lui ainsi qu’El-Mogheira et plusieurs autres chefs. Bientôt après, Abou-Abd-Allah-Mélek-Ibn-Monder-el-Kelbi gouverneur de Mîla, arriva de cette ville avec un corps de troupes pour les soutenir. Ils mirent alors Ibn-Monder à leur tête, et, beaucoup de monde s’étant réuni à eux, ils allèrent livrer bataille à Ibn-el-Djaroud. Ibn-Monder périt dans cette rencontre, et ses partisans furent mis en déroute et poursuivis jusqu’à Laribus. Chemdoun écrivit alors à El-Alâ-Ibn-Saîd, qui se trouvait dans la province du Zab, l’invitant à venir le rejoindre. Celui-ci vint à Laribus, et de là il se dirigea sur Cairouan avec El-Mogheira, Chemdoun, Felah et

  1. El-Fadl fut tué en l’an 178 (794-5), après avoir gouverné un an et cinq mois. Les Mohellebides, famille dont il faisait partie, avaient successivement commandé en Ifrîkïa pendant vint-trois ans. — (Baïan.)