Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/505

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
379
EN-NOWEIRI.

§ XXVIII. — GOUVERNEMENT D’ABOU-DJÂFER-OMAR-IBN-HAFS-HEZARMERD.

Hezarmerd est un mot persan qui signifie mille hommes. — Quand El-Mansour apprit la mort d’El-Aghleb, il confia le gouvernement de l’Ifrîkïa à Omar-Ibn-Hafs, homme distingué par sa bravoure, qui tirait son origine de Cabîça, fils d’Abou-Sofra, et frère d’El-Mohelleb[1]. Il arriva dans cette province au mois de Safer de l’an 151 (mars 768), suivi de cinq cents cavaliers. Les principaux personnages du pays étant venus se joindre à lui, il leur fit des présents et les traita avec tant d’égards que les affaires se rétablirent promptement, et que la paix régna pendant trois ans et quelques mois. Il reçut alors une lettre par laquelle El-Mansour lui ordonna de passer dans le Zab, et de reconstruire la ville de Tobna. Avant de s’y rendre, il confia le gouvernement de Cairouan à Habîb-Ibn-Habîb-Ibn-Yezîd-Ibn-Mohelleb. Comme l’Ifrîkïa se trouvait ainsi dégarnie de troupes, les Berbères se révoltèrent, et Habîb, qui sortit pour les combattre, perdit la vie. Les insurgés se rassemblèrent alors aux environs de Tripoli et prirent pour chef Abou-Hatem-Yacoub-Ibn-Habîb, client de la tribu de Kinda, et surnommé Abou-Cadem. L’officier qui commandait à Tripoli au nom d’Omar et qui s’appelait El-Djoneid-Ibn-Yessar, de la tribu d’Azd, envoya contre les Berbères un corps de cavalerie sous les ordres de Hazem-Ibn-Soleiman ; mais ce général essuya une défaite et rentra à Tripoli, auprès du gouverneur. Alors, El-Djoneid écrivit à Omar-Ibn-Hafs et s’en fit donner un renfort de quatre cents cavaliers, commandé par Khaled-Ibn-Yezîd-el-Mohellebi. Encouragé par l’arrivée de cette troupe, il alla livrer bataille aux rebelles, mais il fut obligé, ainsi que Khaled, de se réfugier dans Cabes. Omar-Ibn-Hafs leur envoya alors Soleiman-Ibn-Abbâd-el-Mohellebi à la tête d’une troupe de milices. Soleiman rencontra Abou-Hatem


    Tunis où il fut tué par la milice. Selon un autre récit, les troupes d’Ibn-el-Aghleb le tuèrent dans le combat qui coûta la vie à leur général. Dès lors, El-Mokharec resta maître de l’Ifrîkïa. — (Ibn-Khaldoun.)

  1. Voyez ci-devant, pag. 221.