Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/500

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
374
APPENDICE.

§ XXVI. — GOUVERNEMENT DE MOHAMMED-IBN-EL-ACHÂTH-EL-KHOZAÏ.

L’historien dit : Après la destruction des Ourfeddjouma par les sofrites, plusieurs [notables arabes partirent pour l’Orient et se] rendirent auprès d’Abou-Djâfer-el-Mansour dont ils espéraient obtenir des secours contre les Berbères. Dans cette députation se trouvaient Abd-er-Rahman-Ibn-Zîad-Ibn-Anâm, [grand cadi de l’Ifrîkïa,] Nafê-Ibn-Abd-er-Rahman-es-Sélémi, Abou-’l-Behloul-Ibn-Obeida et Abou-’l-Eirbad. Touché du récit des malheurs qu’ils avaient éprouvés, le khalife nomma Mohammed-Ibn-el-Achâth gouverneur de l’Égypte, et celui-ci envoya en Ifrîkïa Abou-’l-Ahouès-Amr-Ibn-el-Ahouès de la tribu d’Idjl. Ce général fut battu par Abou-’l-Khattab, en l’an 142, et Ibn-el-Achâth reçut alors d’El-Mansour un corps de troupes et l’ordre écrit de les conduire en Ifrîkïa. Il se mit donc en marche avec quarante mille cavaliers, dont trente mille Khoraçanites et dix mille Syriens[1]. El-Mansour le fit accompagner par El-Aghleb-Ibn-Salem de la tribu de Temîm[2], El-Mohareb-Ibn-Hilal-el-Farsi [de la province de Fars] et El-Mokharec-Ibn-Ghifar de la tribu de Taï. Il enjoignit aux troupes d’obéir en toutes choses à Ibn-el-Achâth ; puis, si quelque malheur arrivait à ce chef, elles devaient reconnaître El-Aghleb pour général ; si elles perdaient celui-ci, elles auraient à se mettre sous le commandement d’El-Mokharec, et, à son défaut, elles prendraient les ordres d’El-Mohareb. Ce dernier mourut avant leur arrivée en Ifrîkïa. A la nouvelle de l’approche d’Ibn-el-Achâth, Abou-’l-Khattab rassembla ses partisans et sortit contre lui à la tête d’une grande multitude de combattants. Arrivé à Sort, il envoya chercher à Cairouan le corps de troupes qu’Abd-er-Rahman-Ibn-

  1. Par Khoraçanites et Syriens l’historien entend les Arabes tirés des colonies militaires établies en Khoraçan et en Syrie.
  2. Voici le premier Aghlebide qui arrive en Afrique. La généalogie de cette famille se trouve dans Ibn-Khallikan, vol. ii, page 265 de ma traduction de cet ouvrage biographique.