Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/492

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
366
APPENDICE.

L’historien dit ensuite : Lorsqu’Abd-er-Rahman se trouva en possession du pouvoir, beaucoup d’Arabes et de Berbères prirent les armes contre lui. Oroua-Ibn-ez-Zobeir-es-Sadefi[1] s’empara de Tunis ; les Arabes des districts maritimes s’insurgèrent aussi ; Ibn-Attaf-el-Azdi vint prendre une position menaçante à Tabînas ; les Berbères se soulevèrent dans les montagnes ; Thabet le sanhadjien suscita une révolte à Bédja et se rendit maître de la ville ; enfin, deux hommes, berbères de race et kharedjites de religion, l’un nommé Abd-el-Djebbar, et l’autre El-Hareth, se montrèrent en armes aux environs de Tripoli. Abd-er-Rahman marcha successivement contre eux tous, les défit les uns après les autres, soumit le Maghreb entier et courba l’audace des tribus berbères. Son armée fut toujours victorieuse ; rien n’arrêta le progrès de ses étendards, et la terreur qu’inspirait son nom remplit tout le pays[2]. Il envoya ensuite des présents au khalife Merouan-Ibn-Mohammed, accompagnés d’une lettre dans laquelle il attribuait à Handala des méfaits dont il ne s’était jamais rendu coupable. En réponse il reçut sa nomination au gouvernement du Maghreb et de l’Espagne.


    public, il enjoignit à cet officier de donner à Handala ce qui lui était dû sur son traitement, et pas un dirhem de plus. Handala ayant pris connaissance de cette lettre, pensa d’abord à faire de la résistance, mais cédant à l’esprit de piété dont il était animé, il partit, le mois de Djomada second de l’an 127, emmenant avec lui un petit corps des troupes Syriennes. » — Cette tradition ne fait aucune mention de l’imprécation de Handala. En-Noweiri aurait dû supprimer cette fable qu’il emprunta, sans doute, à Ibn-er-Rakîk. Un homme comme Handala, qui avait de la répugnance à laisser répandre le sang des musulmans, ainsi que notre auteur le dit plus haut, ne leur aurait pas souhaité la guerre civile et la pestilence.

  1. Es-Sadefi, signifie membre de la tribu d’Es-Sadîf, branche de celle de Kinda. On sait que Kinda était himyerite.
  2. En l’an 135, il attaqua les Berbères aux environs de Tlemcen, et à son retour, il envoya une flotte en Sicile et une autre en Sardaigne. Elles ravagèrent les possessions des Francs, et les contraignirent à payer la capitation. — (Ibn-Khaldoun.)