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EN-NOWEIRI.

ordres d’Abd-el-Ouahed-Ibn-Yezîd, de la tribu de Hoouara, pour attaquer Handala. Ces chefs rebelles partirent tous deux à la fois de la province du Zab ; Okacha, en prenant la route de Meddjana, pour se rendre à El-Carn ; et Abd-el-Ouahed, en suivant le chemin des montagnes, pour se porter à Tabînas[1]. L’avant-garde de celui-ci était commandée par Abou-Aura-el-Atéki[2]. Handala sentit la nécessité d’attaquer Okacha avant que les autres troupes eussent pu le rejoindre, et il marcha contre lui avec un corps composé du peuple[3] de Cairouan. Les deux partis en vinrent aux mains à El-Carn ; le combat fut très-opiniâtre et le carnage immense. Enfin, Okacha et les siens prirent la fuite et les Berbères furent taillés en pièces. Handala revint alors à Cairouan, craignant qu’en son absence, Abd-el-Ouahed ne vînt occuper cette ville.

On raconte qu’à l’arrivée de ce dernier à Bédja, Handala envoya contre lui quarante mille cavaliers sous le commandement d’un homme de la tribu de Lakhm. Ce corps ne cessa, pendant un mois, d’attaquer Abd-el-Ouahed dans les ravines et les terrains inégaux qui entourent la ville, mais il finit par être repoussé jusqu’à Cairouan après avoir perdu vingt mille hommes[4]. Abd-el-Ouahed à la tête de trois cent mille combattants, vint alors prendre position à El-Asnam, lieu [du canton] de Djeraoua, à trois milles de Cairouan[5]. Handala, de son côté, tira des magasins de l’état toutes les armes qui s’y trouvaient, et ayant fait un appel au peuple, il donna à chaque individu une cotte-de-mailles et cinquante dinars. Ce moyen lui attira tant de volontaires qu’il diminua ensuite le don jusqu’à quarante dinars, puis jusqu’à trente, et il ne choisit plus que des hommes plus jeunes et robustes. Il passa toute la nuit à la lueur des flambeaux, occupé de l’arme-

  1. Variantes : Tabîbas, Tabenîach.
  2. Dans l’ouvrage d’Ibn-Abd-el-Hakem on lit : Abou-Corra-el-Ocaïli.
  3. L’on sait que d’après la religion musulmane, tout croyant est soldat.
  4. Abd-el-Ouahed s’empara de Tunis et s’y fit proclamer khalife ; ensuite il marcha sur Cairouan. — (Ibn-Abd-el-Hakem.)
  5. A une journée de Cairouan, selon Ibn-Abd-el-Hakem.