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LES BENI-THABET.

NOTICE DES BENI-THABET, TRIBU KETAMIENNE QUI HABITE LA MONTAGNE EN FACE DE CONSTANTINE[1].

Une fraction de la tribu de Ketama habite la montagne située entre Collo et Constantine[2]. Cette peuplade s’appelle les Beni-Thabet du nom de la famille qui la gouverne. L’on dit que ce Thabet était fils de……[3] fils d’Abou-Bekr, fils de Telîlan, et que ce fut leur aïeul Abou-Bekr qui, sous la dynastie des Almohades, décida les habitants de la montagne à payer l’impôt, chose qu’ils n’avaient jamais faite auparavant. Lors de la chute de la dynastie sanhadjite [zîride] et la conquête de l’Ifrîkïa par les Almohades, Abou-Bekr se rendit à Maroc pour offrir ses hommages au khalife, et voulant s’assurer un bon accueil, il prit l’engagement de lui faire payer un tribut par les habitants de la montagne. Thabet laissa trois fils : Hacen, Soltan et Ibrahîm, qui y exercèrent tous le commandement. Quand le sultan Abou-Yahya fut parvenu au trône, Hacen remplit auprès de lui les fonctions de grand chambellan [premier ministre] pendant l’absence d’Ibn-Ghamr qui s’était rendu dans la province de Tripoli. Ceci eut lieu en l’an 711 (1311), ainsi que nous l’exposerons ailleurs. Après la prise de Bougie par le sultan et la mort d’Ibn-Khalouf, le chambellan Ibn-Ghamr arriva de Tunis pour reprendre les fonctions de son office, et ayant trouvé Hacen-Ibn-Thabet dans le Ferdjîoua, il s’était rendu avec un corps de troupes pour recueillir l’impôt, il aposta des assassins qui lui ôtèrent la vie. Ali [-Ibn-Hacen] fut l’avant-dernier de cette famille qui commanda dans la montagne, et il y était encore quand les Mérinides s’emparèrent de l’Ifrîkïa. Son fils et successeur, Abd-er-Rahman, se rendit à Fez pour offrir ses hommages au sultan Abou-Einan. Notre seigneur, le sultan Abou-’l-Abbas, ayant rétabli l’empire des Hafsides, renversa le gouvernement

  1. Le texte porte, comme auparavant, pag. 292, qui domine Constantine.
  2. A la lettre : sont habitants de la montagne qui domine El-Coll, entre cette ville et Cosantîna.
  3. Il y a ici un blanc dans les manuscrits.