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HISTOIRE DES BERBÈRES.

çof, leur ôta le commandement sous le prétexte de leur attachement aux Hafsides, et plaça à la tête des Sedouîkich le nommé Mohenna, fils de Tazîr, fils de Talha, membre de la famille Alaoua. Le nouveau chef n’avait pas encore affermi son autorité quand il fut tué par les Beni-Youçof. Les Alaoua prirent alors le parti de retourner à la montagne d’Eïad. Leur chef, Adouan, fils d’Abd-el-Azîz, fils de Zerouc, fils d’Ali, fils d’Alaoua, est mort depuis peu de temps et ils ne l’ont pas encore remplacé.

Plusieurs fractions de la tribu des Sedouîkich obéissent aux Beni-Sekîn, une de leurs familles qui sert de lieutenante à celle des Souac. Le territoire des Beni-Sekîn avoisine celui des Louata du côté du Djebel-Babour et embrasse toute la partie de la province de Bougie qui dépend de cette montagne. Leur chef actuel appartient à la famille Mouça-Ibn-Thaber[1], branche [de celle des Sekîn]. J’ai eu occasion de rencontrer Sakhr, (fils de Mouça-Ibn-Thaber), auquel le sultan Abou-Yahya [-Abou-Bekr][2] avait confié le commandement de ce peuple et qui s’était distingué par des bons services rendus au gouvernement. Il montra un dévouement tout-à-fait extraordinaire à l’émir Abou-Hafs, fils d’Abou-Yahya[3], et lui resta fidèle jusqu’à la dernière extrémité. Fait prisonnier par les Mérinides dans le combat qui eut lieu aux environs de Cabes, il fut conduit avec plusieurs autres compagnons d’infortune devant le sultan Abou-’l-Hacen et eut les mains et les pieds coupés alternativement par l’ordre de ce prince. Son fils Abd-Allah lui succéda dans le commandement et s’y distingua par son habileté ainsi que par son dévouement au sultan de Bougie. Il mourut entre les années 780 (1378) et 790. Son fils Mohammed lui succéda et exerce encore le commandement.

  1. Variante : Thaïr.
  2. Dans le premier volume du texte arabe des Berbères, ce prince est désigné par son surnom Abou-Yahya, et dans le second par son nom Abou-Bekr.
  3. Ici les manuscrits et le texte imprimé offrent une bévue de copiste : il faut corriger et lire ainsi : el wefâ libnihi ’l-Amîr Abi-Hafs. Dans l’histoire des Hafsides, on trouvera les passages qui justifient cette correction.