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LES KETAMA.

NOTICE DES KETAMA, TRIBU DESCENDUE DE BERNÈS QUI SUBJUGUA LES AUTRES TRIBUS ET RENVERSA LA DYNASTIE AGHLEBIDE AU NOM DES FATEMIDES.

Les Ketama[1], brave et puissante tribu berbère, sont regardés par les généalogistes de cette nation comme les enfants de Ketam ou Ketm, fils de Bernès, mais nous trouvons dans les écrits d’Ibn-el-Kelbi et de Taberi que les généalogistes arabes les font descendre de Himyer. Selon ces derniers, Ifrîcos-Ibn-Saïfi, l’un des trois Tobbas, conquit l’Ifrîkïa, pays auquel il imposa son nom et dont il tua le roi Djerdjîr ; puis il donna aux Berbères le nom qu’ils portent jusqu’à ce jour. L’un de ces auteurs ajoute qu’Ifrîcos laissa parmi les Berbères deux branches de la tribu de Himyer ; savoir, les Sanhadja et les Ketama, et qu’ils y subsistent encore.

La souche de Ketama étendit ses ramifications sur le Maghreb et poussa des rejetons dans plusieurs parties de ce pays ; mais, après l’introduction de l’Islamisme, à la suite des bouleversements causés par l’apostasie des Berbères, cette tribu se trouva établie dans les campagnes fertiles qui s’étendent à l’occident de Constantine jusqu’à Bougie, et au midi de Constantine jusqu’au Mont-Auras. Ce fut dans ce territoire que les Ketama dressaient leurs campements passagers et faisaient paître leurs troupeaux ; ils possédaient même toutes les villes importantes de cette région, puisqu’entre l’Auras et le rivage de la mer qui s’étend depuis Bougie jusqu’à Bône ils occupaient Ikdjan, Setîf, Baghaïa, Nigaous, Belezma, Tîguist, Mîla, Constantine, Skîkda, El-Coll et Djîdjel.

Les nombreuses ramifications de cette tribu proviennent de deux aïeux : Gharcen et Issouda, lesquels étaient fils de Ketm-Ibn-Bernès. Les enfants d’Issouda sont : les Felaça, les Denhadja, les Mettouça et les Ourîcen. Le Casr-Ketama, place forte du Maghreb, porte encore aujourd’hui le nom de Casr-Denhadja (château des Denhadja).

  1. Selon quelques philologues arabes, ce nom doit se prononcer Kotama.